HERNANDO CALVO OSPINA
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La femme est-elle une erreur divine ?*

mercredi 6 juin 2012, par Hernando Calvo Ospina

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Par Hernando Calvo Ospina

Et Dieu créa l’homme « à son image » dit la mythologie chrétienne dans la Bible. C’est-à-dire qu’il le créa homme et parfait. Et il l’appela Adam.

Le voyant si esseulé dans l’immensité du Paradis, il prit une de ses côtes et en façonna un être au physique quelque peu différent du sien. Il lui dit que c’était une femme et qu’elle s’appelait Eve.

Dieu les avertit qu’ils pourraient goûter à tout ce qui les entourait, sauf à un fruit qui était interdit. Dieu savait qu’Adam ne lui désobéirait jamais. Mais, tout Dieu qu’il était, il ne songea pas qu’avec Eve, les choses en iraient autrement, car il ne l’avait point faite « à son image ». Elle était simplement humaine et donc, imparfaite.

Eve arriva dans ce monde, heureuse et tout était jouissance pour elle. Elle s’amusait avec les animaux et même avec Adam, lorsque celui-ci le lui permettait. Comme elle était curieuse et désireuse d’apprendre, elle découvrit que son fruit n’était pas le même que celui de son compagnon. Adam ne s’en était même pas rendu compte.

Et tandis qu’elle explorait son propre corps, elle remarqua que son fruit était la source d’agréables sensations. Cela lui donna à penser : si ce fruit lui procurait du plaisir, pourquoi ce monsieur chenu, barbu, aux yeux clairs, à la peau blanche et qui dissimulait presque tout son corps derrière un nuage disait-il qu’il était interdit ?

Ce qu’Eve ne pouvait pas savoir, c’est que Dieu ignorait l’imperfection et le plaisir. Et qu’en matière de femmes, il en savait encore moins, puisqu’il n’en avait jamais eu.

De fil en aiguille, rires, chatouillements et autres baisers aidant, Eve mena Adam au péché. Il ne put résister à la tentation de dévorer la pomme qui se cachait entre les jambes d’Eve. Ils se délectèrent tellement qu’ils se crurent au paradis.

Il semble que Dieu, malgré son pouvoir de connaître l’avenir, n’avait pas prévu ce qui allait se passer. Alors, il fit son apparition, « fou de rage », chose extrêmement étrange chez quelqu’un s’auto-définissant comme « parfait ». Et il les expulsa du Paradis.

Et il les châtia. Adam dut partir travailler, afin de gagner sa vie « à la sueur de son front ». Eve fut condamnée à enfanter dans la douleur. La sentence relevait d’un certain sadisme.

Eve qui était optimiste, intelligente et pleine de vie démontra à Adam que puisque le fait de pécher était aussi délicieux, cela valait la peine de continuer. Par conséquent, ils passèrent leur temps à folâtrer et à faire des petits. A leur tour, ceux-ci, suivant l’exemple parental, commirent le péché entre frères et sœurs, et peu à peu, le monde se peupla.

Le véritable problème pour les Eve surgit lorsque « quelqu’un » raconta aux Adam qu’ils résultaient d’une invention divine. Voilà comment les hommes se crurent représentants de Dieu face aux femmes et donc nantis du droit de décider et de dispenser ordres et châtiments.

On atteignit le climax avec l’apparition de la Bible, dans laquelle des mâles écrivirent que les femmes doivent obéissance et servilité aux hommes, car Dieu en a décidé ainsi depuis toujours.

Pour couronner le tout, dès les premières pages de l’Ancien Testament, il est dit qu’Eve mérite d’être persécutée et humiliée, pour avoir incité Adam au « péché originel ».

Innocent III fut pape de 1198 à 1216. A sa demande, deux « idéologues » allemands de l’Inquisition écrivirent que le « harem de Satan » était rempli de sorcières. Aussitôt après, les curés brûlèrent des milliers de femmes, accusées du même péché qu’Eve, sur des bûchers de bois vert : toute sorcellerie procède de la luxure, qui chez les femmes, est insatiable.

Durant presque sept siècles, de 1234 jusqu’au début du XX° siècle, les « représentants de Dieu » à Rome interdirent aux femmes de chanter dans les églises. Pour quel motif ? Parce qu’elles étaient impures et qu’elles portaient en elles le péché d’Eve.

Un peu avant, Honoré II, Pape de 1124 à 1130, avait émis la sentence suivante : « Les femmes ne doivent pas parler. Leur lèvres portent le stigmate d’Eve, qui causa la ruine des hommes ». Sans doute est-ce pour cela que le Vatican continue de leur dénier le droit de dire la messe.

Peut-être Honoré s’était-il inspiré des affirmations de Saint Jean Chrysostome, qui vécut entre les années 347 et 407 de notre ère : « Lorsque la première femme parla, elle engendra le péché originel ». Saint Jérôme déclara que toutes les femmes sont « mauvaises ». Saint Bernard affirma que les femmes « sifflent comme des serpents ». Déjà Saint Paul, l’apôtre de Jésus Christ, vers qui s’élèvent tant de prières féminines, leur avait accordé trois droits : obéir, servir et se taire.

On dirait que parmi les Eve, certaines n’ont pas bien reçu le message…

*Ceci est le premier texte d’un livre, actuellement en préparation, qui contiendra une série de récits consacrés à des femmes latino-américaines rebelles.

Traduction : Simone Bosveuil-Pertosa

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