HERNANDO CALVO OSPINA http://www.hernandocalvoospina.com/ Hernando Calvo Ospina, periodista colombiano residente en Europa, autor de varios libros publicados entre los que se destacan: Salsa, Don Pablo Escobar, Perú: los senderos posibles y Bacardí: la guerra oculta es SPIP - www.spip.net HERNANDO CALVO OSPINA http://hcalvospina.free.fr/IMG/siteon0.jpg http://www.hernandocalvoospina.com/ 165 144 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article519 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article519 2014-09-05T05:52:21Z text/html fr Hernando Calvo Ospina Elle aurait pu ne pas éprouver le besoin de se rebeller. Elle naquit en 1750, un jour du mois d'août, dans une petite commune de l'actuel département bolivien de La Paz. Avec ses parents, elle allait de bourgades en villages pour vendre des tissus de laine. Mais c'est dans les mines et les campagnes que leur clientèle était la plus importante : les indigènes avaient besoin de la feuille sacrée de coca pour atténuer la fatigue et la faim. Bartolina et ses parents gagnaient peu car ils devaient payer un (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique11.html" rel="directory">ARTICLES</a> <div class='rss_texte'><p>Elle aurait pu ne pas éprouver le besoin de se rebeller. Elle naquit en 1750, un jour du mois d'août, dans une petite commune de l'actuel département bolivien de La Paz. Avec ses parents, elle allait de bourgades en villages pour vendre des tissus de laine. Mais c'est dans les mines et les campagnes que leur clientèle était la plus importante : les indigènes avaient besoin de la feuille sacrée de coca pour atténuer la fatigue et la faim. Bartolina et ses parents gagnaient peu car ils devaient payer un lourd impôt, surtout aux prêtres, sur la feuille de coca.</p> <p><span class='spip_document_418 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L500xH353/189198_1-2-df078.jpg' width='500' height='353' alt="" style='height:353px;width:500px;' /></span></p> <p>Faire du commerce évita à Bartolina Sisa de se retrouver parmi les serviteurs des seigneurs féodaux, des chefs militaires ou des curés. Bien que dès les premières lueurs du XVI siècle, les rois catholiques avaient interdit de réduire les indiens en esclavage puisqu'ils possédaient une âme, ceux-ci furent des milliers à continuer de mourir sous le joug. C'est ainsi que, lorsque Bartolina se déplaçait, achetait et vendait, elle fut témoin de l'état d'exploitation, d'humiliation et de misère dans lesquels se trouvait la presque totalité de ses frères de race.</p> <p>Elle n'avait pas vingt ans quand elle s'émancipa de ses parents. Un fait extraordinairement rare car elle était très jeune et célibataire. Bartolina, qui était gaie, svelte, à la peau brune et aux yeux noirs, n'avait pas besoin d'un homme pour survivre économiquement. Il lui fallait seulement son complément, comme le sont l'eau et la terre. Elle rencontra celui-ci en la personne de Julian Apaza, commerçant lui aussi, dont elle partagea le lit, les affaires, les rêves et avec lequel elle eut quatre enfants. Auparavant mineur en Oruro, il avait dû quitter la ville car les patrons l'auraient tué : il organisait les indigènes pour qu'ils refusent les exténuantes journées de travail et les mauvais traitements.</p> <p>Les nouvelles des soulèvements massifs indigènes, de métisses et de créoles pauvres contre le pouvoir colonial injuste parvinrent jusqu'à Bartolina et Julian. À Potosi, ils étaient menés par Tomás Katari ; à Cuzco, au sud du Pérou, il s'agissait de José Gabriel Condorcanqui, appelé Tupaj Amaru II. Ces soulèvements finirent de convaincre le couple qu'ils devaient continuer en organisant les leurs.</p> <p>Leur projet était d'assiéger La Paz jusqu'à ce que les royalistes se rendent. Le 13 mars 1781, à la tête de 20 000 hommes et femmes, ils lancèrent les actions militaires. En juin, presque cent mille rebelles les avaient rejoints. Julian fut proclamé Vice-roi de l'Inca, c'est pour cela qu'il adopta Tupaj Katari comme nom de guerre. Bartolina, de par ses propres mérites, fut sacrée Vice-reine.</p> <p>Bartolina était une générale en jupe. Une chef, politique et militaire, qui dirigeait ses troupes selon des tactiques innovantes : en effet, bien qu'elles avaient la supériorité numérique, il fallait compenser le manque d'armes modernes.</p> <p>Le chef militaire espagnol comprit que c'était une femme qui se tenait à la tête des forces ennemies les mieux organisées. En mai, il prit la majorité de ses hommes et essaya de briser le siège qui était sous le commandement de Bartolina. Il dut se retirer. En juin, les royalistes attaquèrent les troupes de Tupaj Katari. Ils réussirent presque à les mettre en déroute, si bien que le vice-roi inca dut ordonner une retraite qui faillit finir en débandade.</p> <p>Des renforts pour les espagnols arrivèrent. Ceux-ci apportaient l'expérience acquise dans les guerres contre les frères Katari et Tupaj Amaru. Ils savaient déjà que les soldats ne suffisaient pas pour faire la guerre, car il était aussi important de manipuler le comportement de l'adversaire pour le détruire moralement ou le battre. La rumeur de la quasi déroute des troupes de Julian commença à se répandre : Seuls seraient graciés ceux qui aideraient à la capture des “meneurs”.</p> <p>Sans avoir pu vérifier à temps les rumeurs, Bartolina décida le transfert de ses forces vers des zones plus sûres. Trop tard : quelques personnes de sa suite la capturèrent le 2 juillet 1781 et la livrèrent. C'est la prison et la mort qu'ils reçurent, et pas ce qui avait été offert.</p> <p>Les espagnols continuaient à ne pas croire qu'une femme, indienne, de plus, les avaient affrontés avec une telle intelligence. Dans leur culture patriarcale, machiste, celle-là même qu'ils avaient imposée depuis 1492, la femme devait seulement servir.</p> <p>A La Paz, Bartolina fut accueillie par des insultes, des crachats et des pierres. Dans les cachots, elle fut torturée et violée pour avoir humilié le pouvoir ; puis pour lui soutirer des informations sur l'insurrection. Elle ne dit pas un mot.</p> <p>Les espagnols essayèrent de l'utiliser comme appât pour capturer son mari. Bartolina, cruellement fouettée, fut conduite près de la ligne de siège des indigènes, pour prouver qu'elle était vivante. On proposa de l'échanger contre un prêtre capturé, mais ce ne fut pas accepté. Alors Julian comprit que même s'il se rendait, ils ne la remettraient pas en liberté. Le siège de La Paz fut de nouveau organisé, mais 7 000 soldats arrivèrent pour le rompre définitivement. Après un mois d'intenses combats, ce que les armes ennemies n'avaient pas réussi à obtenir le fut par une autre trahison : le 10 novembre, Tupaj Katari fut livré.</p> <p>Après quatre jours d'horribles tortures, il fut attaché par les quatre extrémités à 4 chevaux et écartelé. Bartolina dut y assister. Comme pour Tupac Amaru II, les parties de son corps furent divisées et exhibées dans plusieurs lieux pour servir d' “avertissement pour les indiens rebelles”. La sentence disait : “ni le roi, ni l'état n'admettent qu'il reste semence, ou race de celui-ci ou de Tupaj Amaru et Tupaj Katari à cause du grand bruit et de l'impression que cet homme maudit a fait parmi les naturels...”</p> <p>Par la suite, de nombreuses voix indigènes se mirent à répéter les dernières paroles de Tupaj Katari : “Je meurs aujourd'hui, mais je reviendrai par millions... !”.</p> <p>Des siècles plus tard, l'irlandais Ben Kane s'appropriera cette phrase pour la mettre dans la bouche de son héros, le gladiateur Spartacus.</p> <p>Après presque un an de détention et de souffrances quotidiennes, car les espagnols cherchaient toujours à lui faire livrer les siens, le matin du 5 septembre 1782, la guerrière et vice-reine indienne fut exécutée. On lui lia les bras, lui attacha une corde au cou et à la queue d'un cheval. Pendant qu'elle était traînée de la caserne jusqu'à la Plaza Mayor, un crieur lisait la sentence au son des tambours. Puis, le corps nu et disloqué fut placé sur un âne que l'on fit défiler. On dépeça le corps et les morceaux furent emportés et exposés “là où était son campement et où elle présidait ses assemblées séditieuses [...] afin de servir d'avertissement public”. L'une de ses jambes fut envoyée dans une commune qui fait aujourd'hui partie du Pérou.</p> <p>Les espagnols devaient l'achever ainsi car, comme disait la sentence contre son époux et celle de Tupaj Amaru II : “sinon, il demeurerait un perpétuel ferment...”</p> <p>Et c'est que qui est demeuré. Lors de la Deuxième Rencontre d'Organisations et de Mouvements d'Amérique, qui s'est tenue le 5 septembre 1983 à Tihuanacu, Bolivie, fut institué le Jour International de la Femme indigène, en l'honneur de l'héroïne Bartolina.</p> <p>Traduction : Hélène Vaucelle.</p></div> La virreina Bartolina, generala en falda http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article518 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article518 2014-09-04T06:38:18Z text/html es Hernando Calvo Ospina No hubiera tenido necesidad de sublevarse. Nació en 1750, un día de agosto, en una pequeña comunidad del actual departamento boliviano de La Paz. Con sus padres recorrió aldeas y pueblos vendiendo tejidos de lana, aunque en minas y campos tuvieron la mayor clientela: los indígenas necesitados de la sagrada hoja de coca para mitigar la fatiga y el hambre. Poca ganancia les quedaba al tener que pagar alto tributo, en particular a los curas por la hoja. El comercio salvó a Bartolina Sisa de (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique1.html" rel="directory">CASTELLANO</a> <div class='rss_texte'><p>No hubiera tenido necesidad de sublevarse. Nació en 1750, un día de agosto, en una pequeña comunidad del actual departamento boliviano de La Paz. Con sus padres recorrió aldeas y pueblos vendiendo tejidos de lana, aunque en minas y campos tuvieron la mayor clientela: los indígenas necesitados de la sagrada hoja de coca para mitigar la fatiga y el hambre. Poca ganancia les quedaba al tener que pagar alto tributo, en particular a los curas por la hoja.</p> <p><span class='spip_document_417 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L500xH353/189198_1-705e1.jpg' width='500' height='353' alt="" style='height:353px;width:500px;' /></span></p> <p>El comercio salvó a Bartolina Sisa de estar entre la servidumbre de los señores feudales, jefes militares o curas. Aunque desde las primeras luces del siglo XVI los reyes católicos habían prohibido el esclavizarlos porque tenían alma, millones siguieron muriendo sometidos. Por eso, mientras Bartolina caminaba, compraba y vendía presenciaba el estado de explotación, vejamen y miseria en que vivía la casi totalidad de sus hermanos de raza.</p> <p>Ella no tenía veinte años de edad cuando se independizó de sus padres. Algo extraordinariamente extraño por ser muy joven y mujer soltera. Bartolina, que era alegre, esbelta, de piel morena y ojos negros, no necesitaba de un hombre para sobrevivir económicamente. Solo requería de su complemento, como el agua y la tierra. Esto lo encontró en el también comerciante Julián Apaza, con quien pasó a compartir lecho, negocios, sueños y cuatro hijos. Tiempo atrás había sido minero en Oruro. Debió dejar hasta la ciudad porque lo iban a matar los patrones: organizaba a los indígenas para que rechazaran las extenuantes jornadas de trabajo y el maltrato.</p> <p>Hasta Bartolina y Julián llegaron las noticias sobre los masivos levantamientos indígenas, de mestizos y criollos pobres contra el injusto poder colonial. En Potosí los lideraba Tomás Katari; en Cuzco, al sur de Perú, era José Gabriel Condorcanqui, llamado Túpaj Amaru II. Estas sublevaciones terminaron de convencer a la pareja que se debía continuar organizando a los suyos.</p> <p>Su proyecto era sitiar a La Paz hasta que los realistas se rindieran. El 13 de marzo de 1781, al frente de 20 mil hombres y mujeres, empezaron las acciones militares. Para junio, casi cien mil rebeldes se habían sumado. Julián fue proclamado virrey del Inca, por lo cual adoptó el nombre de guerra Túpaj Katari. Bartolina, por meritos propios, fue ungida como virreina.</p> <p>Bartolina era una generala en falda. Una jefa, política y militar, que dispuso a sus tropas bajo tácticas novedosas: aunque tenían la superioridad numérica, se debía compensar la falta de armas modernas.</p> <p>El jefe militar español comprobó que era una mujer la que estaba al frente de las fuerzas enemigas mejor organizadas. En mayo dispuso de la mayoría de hombres y trató de romper el cerco comandado por Bartolina. Tuvo que retirarse. En junio los realistas embistieron a las tropas de Túpaj Katari. Ahí casi logran derrotarlo, al punto que el virrey inca debió ordenar un repliegue que por poco termina en desbandada.</p> <p>Llegaron refuerzos para los españoles. Estos trajeron la experiencia obtenida en las guerras contra los hermanos Katari y Túpaj Amaru. Ya sabían que no solo soldados era suficiente para la guerra, pues tan importante era manipular la conducta del adversario para destruir su moral o ganarlo. Se empezó a expandir el rumor de que las tropas de Julián estaban casi derrotadas. Que solo serían indultados aquellos que ayudaran a la captura de los “cabecillas”.</p> <p>Sin poder comprobar a tiempo los rumores, Bartolina decidió el traslado de sus fuerzas hasta zonas más seguras. Tarde: algunos de sus acompañantes la capturaron el 2 de julio de 1781 y la entregaron. Estos no recibieron lo ofrecido, sino la cárcel y la muerte.</p> <p>Los españoles seguían sin creer que una mujer, india, además, los hubiera enfrentado con tal sagacidad. En su cultura patriarcal, machista, la misma que fueron imponiendo desde 1492, la mujer solo presta servicios.</p> <p>En La Paz Bartolina fue recibida con insultos, escupos y piedras. En los calabozos fue torturada y violada por haber humillado al poder; uego para sacarle información sobre la insurrección. Ni una sílaba dijo.</p> <p>Trataron de utilizarla como carnada para capturar a su marido. Bartolina, terriblemente flagelada, fue paseada cerca de la línea de asedio de los indígenas, como prueba de que vivía. Se propuso intercambiarla por un cura capturado, pero no fue aceptado. Julián comprueba que así él se entregara, a ella no la dejarían libre. El cerco a La Paz se reorganiza, pero 7.000 soldados llegan para romperlo definitivamente. Tras un mes de intensos combates, lo que no pudieron las armas enemigas lo logró otra traición: El 10 de noviembre Túpaj Katari fue entregado.</p> <p>Luego de cuatro días de horribles torturas, sus extremidades fueron amarradas a 4 caballos hasta descuartizarlo. Bartolina debió presenciarlo. Igual que a Tupac Amaru II, las partes de su cuerpo fueron repartidas y exhibidas por varios lugares para que sirviera de “escarmiento a los indios rebeldes”. La sentencia dijo: “Ni al rey ni al estado conviene que quede semilla, o raza de éste o de todo Túpaj Amaru y Túpaj Katari por el mucho ruido e impresión que este maldito nombre ha hecho en los naturales...”</p> <p>Luego muchas voces indígenas comenzaron a repetir que las últimas palabras de Túpaj Katari fueron: “¡Yo muero hoy, pero volveré hecho millones...!”. Siglos después el irlandés Ben Kane se apropiaría de esa frase para ponerla en boca de su héroe, el gladiador Espartaco.</p> <p>Después de casi un año de encierro, a sufrimiento diario, aun buscando que ella vendiera a los suyos, al amanecer del 5 de septiembre de 1782 fue ejecutada la guerrera y virreina india. Le amarraron los brazos, le ataron una soga al cuello y ésta a la cola de un caballo. Mientras era arrastrada, desde el cuartel a la Plaza Mayor, un pregonero leía la sentencia al repique de tambores. Luego, el cuerpo desnudo y destrozado, fue montado en un burro y paseado. Se le descuartizó y sus partes fueron llevadas y expuestas “donde estaba acampada y presidía sus juntas sediciosas […] para el escarmiento público”. Una de sus piernas fue enviada hasta una comunidad que hoy es parte de Perú.</p> <p>Los españoles debían acabarla así, pues como había dicho la sentencia contra su esposo y la de Túpaj Amaru II: “de lo contrario, quedaría un fermento perpetuo...”</p> <p>Y quedó. En el Segundo Encuentro de Organizaciones y Movimientos de América, reunido el 5 de septiembre de 1983 en Tihuanacu, Bolivia, se instituyó el Día Internacional de la Mujer Indígena en honor de la heroína Bartolina.</p> <p>***</p> <p>Hernando Calvo Ospina es periodista y escritor colombiano, residente en Francia y colaborador de Le Monde Diplomatique. Su último libro, traducido a seis idiomas, es "Calla y Respira", publicado en español por El Viejo Topo.</p> <p><strong>Este texto hace parte del libro "Latinas de falda y pantalón", de próxima aparición. </strong></p> <p>Fuente: <a href='http://www.rebelion.org/noticia.php?id=189198' class='spip_out' rel='nofollow'>http://www.rebelion.org/noticia.php...</a></p></div> Resistere o morire, 50 anni di guerriglia http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article517 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article517 2014-06-17T06:03:56Z text/html it Hernando Calvo Ospina Colombia. Oggi Washington ha più potere che mai sulla vita dei colombiani e non smette di attizzare la guerra Il Manifesto, Roma, 10 Giugno 2014 Il 9 aprile 1948 a Bogotá venne assas­si­nato Jorge Elie­cer Gai­tán. Pur essendo il mas­simo diri­gente del Par­tito libe­rale, chie­deva a libe­rali e con­ser­va­tori di unirsi con­tro le oli­gar­chie che face­vano loro la guerra, impo­ve­ren­doli. Per indi­care chi avrebbe dato l'ordine dell'omicidio, fu espulsa la dele­ga­zione diplo­ma­tica sovie­tica. Nes­suno (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique22.html" rel="directory">ITALIANO</a> <div class='rss_texte'><p><strong>Colombia. Oggi Washington ha più potere che mai sulla vita dei colombiani e non smette di attizzare la guerra</strong></p> <p><strong>Il Manifesto</strong>, Roma, 10 Giugno 2014</p> <p>Il 9 aprile 1948 a Bogotá venne assas­si­nato Jorge Elie­cer Gai­tán. Pur essendo il mas­simo diri­gente del Par­tito libe­rale, chie­deva a libe­rali e con­ser­va­tori di unirsi con­tro le oli­gar­chie che face­vano loro la guerra, impo­ve­ren­doli. Per indi­care chi avrebbe dato l'ordine dell'omicidio, fu espulsa la dele­ga­zione diplo­ma­tica sovie­tica. Nes­suno ci cre­dette, ma quello diventò il primo atto poli­tico mon­diale della cosid­detta «Guerra fredda». Con l'assassinio di Gai­tán la già esi­stente vio­lenza del sistema poli­tico si accen­tuò, soprat­tutto nelle cam­pa­gne. Con estrema cru­deltà, secondo quanto chie­de­vano governo con­ser­va­tore e clero, ci si accanì con­tro libe­rali e comunisti.</p> <p>La scelta era fra resi­stere o morire, i libe­rali si orga­niz­za­rono nella guer­ri­glia. Nel novem­bre 1949 il Par­tito comu­ni­sta, ille­gale, lan­ciò un appello all'autodifesa delle masse popo­lari. In rispo­sta, i mini­steri di governo, giu­sti­zia e guerra furono con­se­gnati alle forze armate. Imi­li­tari, fino ad allora rima­sti neu­trali, furono pro­iet­tati in quello sce­na­rio poli­tico di vio­lenza. Tra il mag­gio 1951 e l'ottobre '54, il governo mandò truppe in Corea. La Colom­bia fu l'unico paese lati­noa­me­ri­cano a par­te­ci­pare: per aiu­tare a com­bat­tere il comu­ni­smo. La Colom­bia aveva già espe­rienza. Nell'ottobre 1928 era stata ema­nata la Ley de Defensa Social, per impe­dire l'arrivo dell'«ondata impe­tuosa e demo­li­trice delle idee rivo­lu­zio­na­rie della Rus­sia dei Soviet». Per la sua par­te­ci­pa­zione alla guerra in Corea, la Colom­bia ini­ziò a rice­vere armi dagli Stati uniti.</p> <p>Furono impie­gate con­tro i libe­rali del Llano (un'immensa pia­nura alla fron­tiera con il Vene­zuela) in un'operazione mili­tare di inau­dita vio­lenza che valse alla poli­zia colom­biana la defi­ni­zione di «Gestapo criolla». Ma il piano fallì e il governo fu costretto a cer­care il nego­ziato. Gli abi­tanti della pia­nura accet­ta­rono, ma chie­sero in cam­bio terre, edu­ca­zione e salute gra­tuite. La rispo­sta fu nega­tiva; la repres­sione riprese con vio­lenza. Le élite dei due par­titi si sen­ti­rono minac­ciate quando i guer­ri­glieri ini­zia­rono a coor­di­narsi a livello nazio­nale. E fu tro­vata la solu­zione: il 13 giu­gno 1953 il potere fu con­se­gnato al gene­rale Gustavo Rojas Pinilla. Para­dos­sal­mente, quest'ultimo ini­ziò a rico­no­scere poli­ti­ca­mente gli insorti, come non aveva fatto il pre­ce­dente governo civile. Offrì loro «pace, giu­sti­zia e libertà». Il desi­de­rio di ricon­ci­lia­zione era tale che in tre mesi oltre 4.000 guer­ri­glieri della pia­nura con­se­gna­rono le armi. In tutto furono circa 7.000. Le guer­ri­glie con­ta­dine nel sud-ovest del paese, gui­date da comu­ni­sti e libe­rali gai­ta­ni­sti, accet­ta­rono la pro­po­sta di pace ma avver­ti­rono che senza riforme sociali ed eco­no­mi­che non avreb­bero abban­do­nato le armi. La rispo­sta fu un aumento degli effet­tivi nell'esercito e delle bande para­mi­li­tari. I con­ta­dini ripre­sero l'autodifesa.</p> <p>Paral­le­la­mente, nel 1955 vicino a Bogotá nasceva la Escuela de Lan­ce­ros, il primo cen­tro della con­tro­guer­ri­glia in Ame­rica latina. Gli istrut­tori arri­va­vano da Forte Ben­ning, cen­tro sta­tu­ni­tense spe­cia­liz­zato nella guerra asim­me­trica. Il 10 mag­gio 1957 Rojas Pinilla si dimise. I diri­genti libe­rali e con­ser­va­tori ave­vano con­cluso un accordo chia­mato «Frente Nacio­nal»: a par­tire dal 1958 si sareb­bero alter­nati al governo ogni quat­tro anni, per sedici anni. Quelli che ave­vano fomen­tato il bagno di san­gue si rici­cla­rono come autori del ritorno alla demo­cra­zia. I loro mezzi d'informazione ne aiu­ta­rono l'auto-amnistia. Eppure, si cal­cola che fra il 1948 e il '58, il periodo cono­sciuto come «Epoca della vio­lenza», siano stati assas­si­nati 300mila colom­biani. E che 200mila, tutti poveri, siano stati cac­ciati lon­tano dalle terre migliori. Il primo gen­naio 1959 trion­fava la rivo­lu­zione cubana, senza l'appoggio di Mosca o Pechino. A quel punto il «nemico» era vicino, e la fun­zione degli eser­citi lati­noa­me­ri­cani doveva pas­sare dalla «difesa dell'emisfero» alla «sicu­rezza interna». Biso­gnava evi­tare nuove Cuba.</p> <p>Così il governo di John F. Ken­nedy avviò la Dot­trina della sicu­rezza nazio­nale (Dsn) che com­pren­deva un'intera gamma di stru­menti con­tro­in­sur­re­zio­nali per com­bat­tere il «nemico interno».Il potere poli­tico fu tra­sfe­rito diret­ta­mente o indi­ret­ta­mente alle forze armate lati­noa­me­ri­cane. Esse ave­vano biso­gno di adde­stra­mento mili­tare e ideo­lo­gico, e ne otten­nero a dosi mas­sicce a par­tire dal 1962 nella Scuola delle Ame­ri­che, un cen­tro di indot­tri­na­mento Usa costruito nella zona del canale di Panamá. Fin dall'inizio i mili­tari colom­biani furono fra gli allievi i più nume­rosi. Agli inizi degli anni '60 i con­ta­dini del sud-ovest con­ti­nua­vano a resi­stere. Per la prima volta nel con­ti­nente fu appli­cata l'Azione civico-militare (Acm), nel qua­dro della Dsn. Si voleva far cre­dere che mili­tari e poli­zia fos­sero enti di uti­lità sociale, che lavo­ra­vano mano nella mano con la popo­la­zione. Con­ten­dere al comu­ni­smo i cuori e le menti era uno dei loro obiet­tivi. L'altro era rac­co­gliere infor­ma­zioni di intel­li­gence. Gra­zie alla Acm, le forze armate entra­rono a far parte dei mini­steri dell'agricoltura, delle opere pub­bli­che, della salute e dell'educazione. Nel 1962 si decise che qua­lun­que tipo di pro­te­sta sociale sarebbe stato gestito dai mili­tari. Si arrivò allo stato mili­ta­riz­zato, senza chia­marlo dit­ta­tura.</p> <p>Il 27 mag­gio 1964 con­tro i con­ta­dini del sud-ovest colom­biano fu lan­ciata una mas­sic­cia ope­ra­zione mili­tare: la «Ope­ra­ción Mar­que­ta­lia». La Acm aveva già fatto la sua parte. Come ulte­riore metodo con­tro­in­sur­re­zio­nale si applicò la guerra psi­co­lo­gica. La radio tra­smet­teva infor­ma­zioni tali da susci­tare inquie­tu­dine e rab­bia nei con­fronti di quei con­ta­dini. Ben 16.000 sol­dati, gui­dati da vete­rani della guerra in Corea e da diplo­mati delle scuole dei Lan­ce­ros ancieri e delle Ame­ri­che, cir­con­da­rono un'ampia regione. Dalla loro ave­vano l'inquadramento Usa e armi potenti. Fu una dimo­stra­zione di forza, accom­pa­gnata da un'isterica opera di disin­for­ma­zione, tutto con­tro un gruppo di 52 uomini e tre donne, male armati. Il gruppo adottò le tec­ni­che della guer­ri­glia. Unità in con­ti­nuo movi­mento che evi­ta­vano lo scon­tro, e attac­ca­vano di sor­presa. Nac­que così, in quel mese di mag­gio, l'organizzazione che due anni dopo avrebbe preso il nome di Forze armate rivo­lu­zio­na­rie di Colom­bia (Farc).</p> <p>Il 4 luglio, men­tre imper­ver­sava la «Ope­ra­ción Mar­que­ta­lia», nel nord-est del paese 18 uomini die­dero vita a un'altra guer­ri­glia. Era uno degli «effetti» della rivo­lu­zione cubana. Sette gio­vani colom­biani for­mati a Cuba erano tor­nati per creare l'Esercito di libe­ra­zione nazio­nale (Eln). Il quale non agiva come le forze di auto­di­fesa con­ta­dina; il suo obiet­tivo era con­qui­stare il potere. L'Eln cercò di non cadere nello scon­tro ideo­lo­gico cino-sovietico che pra­ti­ca­mente lace­rava la sini­stra del mondo intero, e lo stesso Pc colom­biano. Sem­pre nel 1964, alcuni suoi qua­dri ne usci­rono per creare il Par­tito comu­ni­sta di Colom­bia, marxista-leninista. Erano i pro-cinesi o maoi­sti. Tre anni dopo, die­dero vita all'Esercito popo­lare di libe­ra­zione (Epl). Anch'essi mira­vano alla presa del potere. Cinquant'anni dopo, quelle orga­niz­za­zioni rivo­lu­zio­na­rie, soprat­tutto le Farc e l'Eln, sono attive in tutto il paese.</p> <p>Eppure, dando il via all'«Operación Mar­que­ta­lia», l'allora pre­si­dente Guil­lermo León Valen­cia aveva assi­cu­rato quello che poi tutti i suoi suc­ces­sori avreb­bero ripe­tuto: «Prima che la mia pre­si­denza ter­mini, il paese sarà paci­fi­cato». Le con­di­zioni sociali, eco­no­mi­che e poli­ti­che, e la repres­sione, fat­tori sca­te­nanti della nascita della guer­ri­glia, da allora non hanno fperò atto che accen­tuarsi. E ancor oggi Washing­ton ha più potere che mai sulla vita dei colom­biani, e non smette di attiz­zare la guerra.</p> <p>Tra­du­zione di Mari­nella Correggia</p></div> Colombie, répression et insurrection http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article516 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article516 2014-06-05T07:37:40Z text/html fr Hernando Calvo Ospina Le Monde diplomatique, Chili. Le 9 avril 1948, à Bogota, les délégations préparaient la naissance de l'Organisation des Etats Américains (OEA). Ce même jour, était assassiné Jorge Eliecer Gaitan. Bien qu'il fût le plus haut dirigeant du parti Libéral, il appelait dans ses harangues à l'union des libéraux et des conservateurs contre les représentants de l'oligarchie qui les opposaient et les appauvrissaient. On expulsa la délégation diplomatique soviétique pour prouver que c'était de là qu'était venu (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique11.html" rel="directory">ARTICLES</a> <div class='rss_texte'><p><strong>Le Monde diplomatique, Chili.</strong></p> <p>Le 9 avril 1948, à Bogota, les délégations préparaient la naissance de l'Organisation des Etats Américains (OEA). Ce même jour, était assassiné Jorge Eliecer Gaitan. Bien qu'il fût le plus haut dirigeant du parti Libéral, il appelait dans ses harangues à l'union des libéraux et des conservateurs contre les représentants de l'oligarchie qui les opposaient et les appauvrissaient.</p> <p>On expulsa la délégation diplomatique soviétique pour prouver que c'était de là qu'était venu l'ordre d'assassiner. Presque personne n'y crut, mais ce fait devint le premier acte politique mondial de ce qu'on a appelé la « Guerre Froide », cette confrontation de la « civilisation occidentale chrétienne » et du « communisme athée soviétique », imaginée par le président étasunien Harry Truman en 1946.</p> <p>Malgré que cet événement transforma l'histoire du pays, on ne sait toujours pas le nom des responsables intellectuels, même si tout le monde continue de regarder vers l'oligarchie bipartite. Avec l'assassinat de Gaitan, la violence déjà existante augmenta, dans les campagnes principalement. Invoquée par le gouvernement conservateur et le clergé, la cruauté la plus extrême fut exercée contre les libéraux et les communistes : on ouvrait le ventre des femmes enceintes pour en arracher la « graine » ennemie ; on coupait la tête des hommes pour les exhiber sur des pieux ou jouer au football avec... (1) La sauvagerie contre l'opposition, une pratique qui est toujours en cours, était née.</p> <p>Résister ou mourir étant l'unique alternative, les libéraux s'organisèrent en guérillas, avec l'approbation de leurs dirigeants. En novembre 1949, le Parti Communiste illégal appela à l'autodéfense de masses. Immédiatement, le président Mariano Ospina Perez remit les ministères du Gouvernement, de la Justice et de la Guerre dans les mains des Forces Armées, en décrétant que quiconque s'opposerait aux lois serait considéré comme « brigand ». C'est ainsi que les militaires, neutres jusqu'à présent, se retrouvèrent lancés sur la violente scène politique.</p> <p>Dans ce contexte, le gouvernement accepta de participer à la première confrontation militaire de la Guerre Froide. Entre mai 1951 et octobre 1954, la Colombie fut le seul pays latino-américain qui envoya des troupes en Corée sous le commandement étasunien. Aider à combattre le communisme en fut le prétexte. En récompense, le Pacte d'Assistance Militaire (PAM), le premier de ce genre sur le continent, fut signé en avril 1952. Les militaires colombiens commencèrent à recevoir des armes des Etats-Unis, et de plus, le nombre d'élèves invités dans les écoles de guerre étasuniennes fut en augmentation. (2)</p> <p>Début 1952, les armes furent utilisées pour la première fois lors d'une opération militaire sans précédent dans le pays menée contre les libéraux du « llano », cette immense étendue de terre plane qui fait frontière avec le Venezuela. La police, qui venait d'être conseillée par le Scotland Yard britannique, sema la terreur avec des méthodes paramilitaires, ce qui lui valut d'être appelée la « Gestapo créole ».</p> <p>L'opération fut un échec, alors le gouvernement chercha à négocier. Les habitants des plaines acceptèrent, mais demandèrent des terres, la santé et l'éducation gratuite. Le gouvernement refusa, et la répression s'amplifia. Ces demandes sortaient du cadre de la confrontation bipartite. Même la direction Libérale qui vivait tranquille à Bogota commença à se démarquer d'eux : « le Gouvernement disait qu'il luttait contre des bandits, des voleurs de grand chemin, des malfaiteurs. Tandis que le Libéralisme officiel disait qu'il ne fallait pas confondre le libéralisme authentique avec ces coquins. » (3)</p> <p>Les élites bipartites virent la menace augmenter quand les guérilleros commencèrent à se coordonner au niveau national. Elles trouvèrent alors une solution : le 13 juin 1953, elles remirent le pouvoir au général Gustavo Rojas Pinilla. Le général José Joaquin Matallana, l'expliquera : « Le peuple s'unissait contre le gouvernement, la guérilla prenait de plus en plus d'ampleur, et les partis politiques traditionnels comprirent que la Colombie allait prendre le chemin du chaos. Nous étions en train de passer de la haine libéral-conservateur au vrai problème de la lutte des classes. C'est alors qu'une alternative militaire surgit ». (4) Même le peuple, désespéré par la violence, vit d'un bon oeil cet arbitrage militaire.</p> <p>Paradoxalement, Rojas Pinilla commença par donner aux insurgés le traitement politique que ne leur avaient pas accordé les civils, y compris en proposant une amnistie. Il leur offrit « Paix, Justice et Liberté ». Le désir de réconciliation fit qu'entre juillet et septembre 1953, plus de 4000 guérilleros du llano déposèrent les armes. Ils furent 7000 dans tout le pays. Le 8 septembre, les llaneros déclarèrent dans une lettre au général : nous avons déposé les armes « avec honneur, sous la protection de votre gouvernement et de la bannière nationale. » Mais peu après, leurs chefs commencèrent à tomber, assassinés par des « inconnus ».</p> <p>Les guérillas paysannes du sud-ouest du pays, menées par des communistes et des libéraux gaitanistes, donc plus politisées, acceptèrent la proposition de pacification, mais exigèrent des dialogues pour discuter de réformes sociales et économiques de base. Sans cela ils ne déposeraient pas les armes. La réponse fut l'envoi d'effectifs militaires plus importants, de tueurs à gage et de bandes paramilitaires appelées « Guérillas de la paix ». Les paysans réactivèrent la lutte d'autodéfense.</p> <p>En parallèle, en 1955, l'Ecole des Lanciers, le premier centre de contre-insurrection d'Amérique Latine, fut créée près de Bogota. Les instructeurs venaient de Fort Benning, centre étasunien spécialisé dans la guerre irrégulière.</p> <p>Le 10 mai 1957, Rojas Pinilla renonça au pouvoir. Fait des plus extraordinaires : les patrons avaient obligé les travailleurs à mener une « Grève Civique Nationale » pour faire pression sur lui. Les directions libérale et conservatrice avaient déjà convenu d'un accord nommé « Front National » : à partir de 1958, les deux partis alterneraient au gouvernement tous les quatre ans, et ce pendant 16 ans. Ceux qui avaient encouragé l'effusion de sang réapparurent comme des spécialistes du droit civil, auteurs du retour à la démocratie. Leurs médias jetèrent un voile d'amnésie qui les autoamnistiait : on a calculé qu'entre 1948 et 1958, période connue sous le nom d' « Epoque de la violence », quelque 300 000 colombiens furent assassinés. Et environ 200 000 furent déplacés des meilleures terres. Tous des pauvres.</p> <p>Un événement extérieur secoua la politique colombienne et se fit sentir dans tout l'hémisphère, en particulier à Washington : le Premier janvier 1959, la révolution cubaine triompha sans aucun appui externe. L' « ennemi » était dans la même cour. Les armées latino-américaines passèrent de « défense de l'hémisphère » à la mission de « sécurité interne », car il fallait éviter de nouveaux Cuba.</p> <p>C'est pour cela que le gouvernement de John F. Kennedy imposa la Doctrine de Sécurité Nationale (DSN). Celle-ci comprenait toute une variante de méthodes contre-insurrectionnelles pour en terminer avec l' « ennemi interne ». Qui, « en fonction de l'image que l'on veut exploiter peut s'appeler « bandit », « subversif », « guérillero » ou « terroriste ». » (5)</p> <p>Cet « ennemi » était déjà une vieille connaissance en Colombie. En octobre 1928, la Loi de Défense Sociale fut dictée pour empêcher « la vague impétueuse et destructrice des idées révolutionnaires et dissolvantes de la Russie du Soviet. » C'est de cette manière que le gouvernement expliquait les grèves ouvrières contre les entreprises pétrolières étasuniennes et la naissance du Parti Socialiste Révolutionnaire, la première organisation de gauche. Cette même année, le mot « subversion » fut utilisé pour la première fois contre une grève de travailleurs bananiers. (6)</p> <p>Puisqu'il s'agissait de sécurité nationale, c'est aux Forces Armées que fut transféré, directement ou indirectement, le pouvoir politique, avec l'approbation des élites économiques. Cependant, il fallait une formation militaire et politique différente. Ce qui se fit massivement au début de 1962, à l'Ecole des Amériques, centre d'endoctrinement étasunien installé dans la zone du canal de Panama. Dès le début, les militaires colombiens furent parmi les plus nombreux. (7)</p> <p>Au début des années soixante, les autodéfenses paysannes du sud-ouest du pays, dirigées à présent par le Parti Communiste, continuaient à résister. Pour la première fois sur le continent, l'Action Civico-Militaire (ACM) qui faisait partie de la DSN fut appliquée. Pour cela, une équipe de conseillers de Fort Bragg vint en février 1962. On voulait montrer que les militaires et les policiers étaient des entités d'utilité sociale, qui travaillaient main dans la main avec le peuple. Gagner les coeurs et les esprits sur le communiste était une des stratégies de l'ACM. L'autre stratégie visait la collecte de renseignements. Grâce à sa dynamique, l'ACM permit aux Forces Armées de s'ingérer dans les ministères de l'Agriculture, des Travaux Publics, de la Santé et de l'Education.</p> <p>Cette même année 1962, en vertu de lois votées sous état de siège, les problèmes d' « ordre public », qui comprenaient tout type de protestation sociale, furent confiés aux Forces Armées. Il ne fut même plus nécessaire d'invoquer des « bandits », ni des « guérilleros » pour justifier une intervention militaire. Le gouvernement continuait à prendre des mesures pour instaurer un Etat militarisé à visage de démocratie. Sans dictature ternissant son image.</p> <p>Le 27 mai 1964, débuta une immense action militaire contre des paysans « bandits » du sud-ouest du pays : l'Opération Marquetalia. L'ACM avait déjà fait sa partie. Une autre méthode contre-insurrectionnelle fut développée : la guerre psychologique. A la radio et dans tous le pays, on entendait des informations qui provoquaient inquiétude et colère contre ceux qui étaient en train de créer des « républiques indépendantes ». Menés par les vétérans de Corée, et les élèves sortis de l'Ecole de Lanciers et de celle des Amériques, 16 000 soldats encerclèrent une vaste région. Ils disposaient de l'assistance étasunienne et de son puissant armement. Toute cette démonstration de force, accompagnée de l'hystérie désinformatrice, pour agresser un groupe mal armé de 52 hommes et 3 femmes.</p> <p>Jaime Guaracas, l'un de ceux qui participa à la défense des régions a raconté : « Aucun d'entre nous n'avait d'expérience militaire. Et nous ne savions pas quel type d'armée nous allions affronter. Il y avait deux réservistes, mais ils ne connaissaient pas de techniques de combat. » (8) Le groupe dut s'adapter rapidement à la guerre de guérillas : des unités en mouvement permanent qui évitent la confrontation, et dont la meilleure arme lorsqu'elles attaquent est l'effet de surprise.</p> <p>C'est ainsi que ce jour de mai est née l'organisation qui deux ans plus tard s'appellerait les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC). Le 4 juillet, quand l' « Opération Marquetalia » faisait rage au nord-est du pays, 18 hommes entreprenaient la création d'une autre guérilla. C'était l'un des autres « effets » de la révolution cubaine. En 1962, le gouvernement de l'Ile avait accordé des bourses à 27 jeunes. « Sept d'entre eux furent formés idéologiquement et militairement. Ils revinrent au pays pour créer l'Armée de Libération Nationale (ELN). Ils n'agissaient pas comme les autodéfenses paysannes, qui se consacraient à la défense d'une zone. » (9) Démonstration en fut faite le 7 janvier 1965, lorsque l'ELN prit le village de Simacota et annonça que son but serait la prise du pouvoir. Les paysans, mais aussi des prêtres et des religieuses, inspirés par la Théologie de la Libération commencèrent à grossir ses rangs.</p> <p>L'ELN tenta de ne pas tomber dans la lutte idéologique chino-soviétique que vivait la presque totalité de la gauche dans le monde. Une confrontation que vécut le Parti Communiste de Colombie. Certains de ses cadres rompirent avec le parti pour créer le Parti Communiste de Colombie, Marxiste-Léniniste. C'étaient les pro-chinois ou maoïstes. Cela se passait aussi en 1964. Trois ans plus tard, ils formeraient l'Armée Populaire de Libération (EPL). Ils s'éloignèrent de l'autodéfense puisqu'ils prétendaient à la prise du pouvoir.</p> <p>En ce moment, on commémore les 50 ans de la formation de ces organisations révolutionnaires : aujourd'hui elles sont présentes dans tout le pays, les FARC et l'ELN principalement. En lançant l'opération Marquetalia, le président Guillermo Leon Valencia assurait ce que tous ses successeurs, sans exception, allaient répéter : « Le pays sera totalement pacifié bien avant que je termine mon mandat. »</p> <p>La seule réalité c'est que les conditions objectives tant sociales, économiques, que politiques, tout comme la répression, qui ont mené à la naissance de ces guérillas, ont augmenté. Cependant que Washington décide aujourd'hui plus que jamais dans la vie des colombiens, sans cesser d'attiser la guerre.</p> <p>Chose invraisemblable : le 2 septembre 1958, des paysans guérilleros libéraux et communistes firent parvenir une lettre au président Alberto Lleras Camargo : « la lutte armée ne nous intéresse pas, et nous sommes prêts à collaborer par tous les moyens à notre portée à la tâche de pacification que ce gouvernement a décidé de mener. » Parmi les signataires se trouvait Manuel Marulanda Velez, qui deviendra le chef suprême des FARC.</p> <p><strong>Traduction : Hélène Vaucelle</strong></p> <p><strong>Notes</strong> :</p> <p>1. Germán Guzmán Campos ; Orlando Fals Borda ; Eduardo Umaña Luna : La Violencia en Colombia. Estudio de un proceso social, tomo 1. Ed. Círculo de Lectores, Bogota, 1988.</p> <p>2. Elsa Blair Trujillo : Las Fuerzas Armadas. Una mirada civil. Ed. Cinep, Bogota, 1993.</p> <p>3. Eduardo Franco Isaza, Las Guerrilleras del Llano, Ed. Circulo de Lectores, Bogota, 1986.</p> <p>4. José Joaquín Matallana, en Olga Behar : Las Guerras de la Paz, Ed. Planeta. Bogota, 1985.</p> <p>5. “La Guerra Total”. Rapport de Deborah Barry, Raúl Vergara et Rodolfo Castro. Université de Californie du Sud. Février 1986.</p> <p>6. Memorias del Ministerio de Guerra, Ignacio Rengifo, 1927. Cité dans Renán Vega Cantor : Colombia entre la Democracia y el Imperio. Editorial El Búho, Bogota, 1989.</p> <p>7. De 1949 à 1996, près de 10 000 officiers et sous-officiers furent diplômés dans les centres de guerre irrégulière étasuniens.</p> <p>8. Interview de Jaime Guaracas, l'un des fondateurs des FARC, par l'auteur. Mars 2009.</p> <p>9. Interview de Ramiro Vargas, membre du Commando Central de l'ELN, par l'auteur. Septembre 1998.</p> <p>10. <i> El Tiempo</i>, Bogota, 8 mai 1964.</p></div> Colombia: Represión e insurgencia http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article515 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article515 2014-05-31T19:28:59Z text/html es Hernando Calvo Ospina Publicado por Le Monde Diplomatique, edición chilena* Primavera de 1946. El presidente estadounidense Harry Truman y el Primer Ministro británico Winston Churchill, insistiendo sobre el peligro soviético y su comunismo para la “civilización occidental”, impusieron el término “Guerra fría”. No importó saber que sin la URSS el nazismo alemán no hubiera sido derrotado. En Colombia esos “peligros” ya venían siendo combatidos. A mediados de 1927 el ministro de Guerra había dicho: “La ola impetuosa y (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique1.html" rel="directory">CASTELLANO</a> <div class='rss_texte'><p>Publicado por <i>Le Monde Diplomatique</i>, edición chilena*</p> <p>Primavera de 1946. El presidente estadounidense Harry Truman y el Primer Ministro británico Winston Churchill, insistiendo sobre el peligro soviético y su comunismo para la “civilización occidental”, impusieron el término “Guerra fría”. No importó saber que sin la URSS el nazismo alemán no hubiera sido derrotado.</p> <p>En Colombia esos “peligros” ya venían siendo combatidos. A mediados de 1927 el ministro de Guerra había dicho: “La ola impetuosa y demoledora de las ideas revolucionarias y disolventes de la Rusia del Soviet […] ha venido a golpear a las playas colombianas amenazando destrucción y ruina y regando la semilla fatídica del comunismo […] (1) Así explicaba el por qué de las huelgas obreras contra las petroleras estadounidenses; y por qué había nacido el Partido Socialista Revolucionario, primera organización de izquierda en Colombia. Para cortar la “infiltración” soviética, en octubre de 1928 se dictó la Ley de Defensa Social. Su objetivo central era impedir la difusión de las “ideas socialistas”, por personas o grupos. Fue el marco teórico para combatir al enemigo político interno.</p> <p>En el nuevo orden mundial que se instaló después de la Segunda Guerra Mundial, América Latina y el Caribe quedarían como zonas estratégicas a retener “como un mercado importante para la producción industrial americana excedentaria, para nuestros inversores privados, y para explotar sus inmensas reservas de materias primas, por lo tanto a evitar que el comunismo internacional ingrese.”(2) Y cazar al comunismo fue el pretexto para que en septiembre de 1947 se firmara en Rio de Janeiro el Tratado Interamericano de Asistencia Recíproca (TIAR), que integró a todos los gobiernos y ejércitos del continente. Había que prepararse para responder a cualquier ataque exterior que, lógicamente, vendría del bloque liderado por la URSS. Al dictado. El marco estatutario del TIAR lo redactó y presentó el embajador colombiano en Washington y futuro presidente, Alberto Lleras Camargo. Era normal, entonces, que Colombia fuera la primera en firmar un convenio militar con Estados Unidos bajo los principios del TIAR.</p> <p>En abril de 1948 se reunió en Bogotá la Novena Conferencia de la Unión Panamericana. En esta no solo nace la Organización de Estados Americanos (OEA). El general George Marshall, jefe de la delegación estadounidense, impuso al colombiano Lleras Camargo como Secretario general de la organización: El había sido el principal redactor de los estatutos esenciales. Por el contenido de estos, se llamaría a la OEA el “Ministerio de Colonias” de Estados Unidos.</p> <p>En plenos debates de la OEA, el 9 de abril es asesinado Jorge Eliecer Gaitán. Aunque era el máximo dirigente del partido Liberal, durante sus arengas pedía que liberales y conservadores se unieran en contra de las dirigencias oligárquicas, que los tenían confrontados y empobrecidos. La noticia se regó como pólvora y el pueblo salió a las calles con ansias de venganza, pero sin dirección política. Rápidamente, el gobierno conservador y el clero aseguraron que los culpables eran los liberales y comunistas, cuyo partido estaba prohibido. Para demostrar quiénes habían ordenado el asesinato, se expulsó a la delegación diplomática soviética. Casi nadie lo creyó. A pesar de que este hecho cambió la historia del país, aun no se sabe el nombre de quien o quienes fueron los responsables intelectuales. Aunque todos miran a la oligarquía bipartidista. Extrañamente, hasta hoy, Washington se niega a desclasificar la información que tiene sobre ello.</p> <p>Con el asesinato de Gaitán la violencia partidista se multiplicó, principalmente en el campo. Como el gobierno conservador y el clero ordenaron perseguir a liberales y comunistas, la crueldad más extrema cayó sobre ellos: A las mujeres embarazadas se les abría el vientre para extraerles la “semilla” enemiga; se le cortaba la cabeza a los hombres para exhibirlas en estacas o jugar al futbol… (3) Nacía el salvajismo contra la oposición, práctica que aun no se detiene.</p> <p>Como la alternativa fue resistir o perecer, los liberales organizaron la resistencia armada, con el visto bueno de sus altas dirigencias. En noviembre de 1949 el ilegal Partido Comunista llamó a la autodefensa de masas. Inmediatamente el presidente Mariano Ospina Pérez entregó a las Fuerzas Armadas los ministerios de Gobierno, Justicia y Guerra. Se decretó que todo el que se opusiera a las leyes sería considerado “bandido”, autorizando las ejecuciones sumarias. Así los militares, neutros hasta el momento, se vieron lanzados al violento escenario político.</p> <p>En ese contexto el gobierno acepta participar en la primera confrontación militar de la guerra fría. Entre mayo de 1951 y octubre de 1954, Colombia fue el único país latinoamericano que envió tropas a Corea, bajo el mando estadounidense. Ayudar a combatir al comunismo, fue el pretexto. Como retribución, en abril de 1952 se firmó el Pacto de Asistencia Militar (PAM), el primero de su tipo en el continente. Los militares colombianos empezaron recibir de Estados Unidos moderno armamento, además de aumentarse el número de militares invitados a prepararse en las escuelas de guerra estadounidense, algo que se daba desde 1949. Se marchaba en línea recta a la dependencia militar colombiana. (4)</p> <p>A comienzo de 1952 se estrenó el armamento, que incluía bombarderos, en una operación militar inaudita en el país. Es que los habitantes del llano, ese inmenso mar de tierra plana que hace frontera con Venezuela, se habían levantado en armas. La policía, que venía siendo asesorada por el Scotland Yard británico, iba sembrando el terror con métodos paramilitares. No de gratis se decía que era la “Gestapo criolla”.</p> <p>Como el operativo fracasó, el gobierno buscó la negociación. Los llaneros aceptaron, pero pidieron el retiro de las tropas, tierras, salud y educación gratuita. Llegó la negativa y el recrudecimiento de la represión. Estas peticiones se salían totalmente del marco de la confrontación partidista. Hasta la dirigencia Liberal, que vivía tranquila en Bogotá, fue tomada por sorpresa, empezando a desmarcarse: “El gobierno decía que luchaba contra bandoleros, salteadores, malhechores. Y el liberalismo oficial decía que no fueran a confundir al liberalismo auténtico con esos malandrines.”(5)</p> <p>Las elites bipartidistas vieron aumentada la amenaza cuando supieron que los guerrilleros empezaban a coordinarse a nivel nacional. Entonces vieron una solución. A pedido de los grupos estratégicos de la economía, representados en ambos partidos, el 13 de junio de 1953 llegó al poder el general Gustavo Rojas Pinilla. El general José Joaquín Matallana, lo explicaría: “El pueblo se iba uniendo en contra del gobierno, la guerrilla crecía cada vez más, y los partidos políticos tradicionales entendieron que por esta vía llegaría el caos a Colombia. Del odio liberal-conservador, estábamos pasando al verdadero problema de la lucha de clases. Entonces surgió una alternativa militar”. (6) Hasta el pueblo, desesperado por la violencia, vio con buenos ojos este arbitraje militar.</p> <p>Paradójicamente, Rojas Pinilla empezó a dar a los insurgentes el trato político que no le dieron los civiles, incluida una amnistía. Les ofreció “Paz, Justicia y Libertad”. El deseo de reconciliación hizo que entre julio y septiembre de 1953 más de 4000 guerrilleros del llano entregaron las armas. Por todo el país fueron unos 7000. El 8 de septiembre los llaneros le decían en una misiva al general: hemos depuesto las armas “con decoro bajo el amparo de vuestro gobierno y del pabellón de la Patria.”</p> <p>Las guerrillas campesinas al sur occidente del país, lideradas por comunistas y liberales gaitanistas, por lo tanto más politizadas, aceptaron la propuesta de pacificación, pero exigieron diálogos para discutir sobre reformas sociales y económicas básicas, así como la distribución de la tierra. Sin esto no entregarían las armas. Les respondieron con más efectivos militares, sicarios y bandas paramilitares llamadas “Guerrillas de la paz”. Los campesinos reactivaron la autodefensa. Empezando 1955 se lanzó contra ellos 4 000 soldados, apoyados por artillería y más de 50 aviones, en su mayoría llegados desde Estados Unidos. Un buen grupo de veteranos de Corea participaron en las operaciones, así como los oficiales instruidos en Fuerte Benning, Georgia, centro estadounidense especializado en guerra irregular. Durante muchos meses los campesinos resistieron la arremetida. Recuerda el general Matallana que “la población respondió porque entendía que el gobierno volvería para quitarles las tierras.” (7)</p> <p>Mientras se daba esa operación militar se había creado la primera escuela contrainsurgente de América Latina, en la región de Tolemaida, cerca a Bogotá. “Rangers” de Fuerte Benning fungieron de instructores. Aún así, el gobierno militar seguía hablando de “paz y justicia”. Entretanto los ex dirigentes guerrilleros que habían creído en las promesas seguían cayendo asesinados. Para ellos, la paz de la oligarquía había significado la paz de sus sepulcros.</p> <p>Los mismos que le entregaron el poder a Rojas Pinilla lo derrocaron el 10 de mayo de 1957. Inaudito: los patrones obligaron a los trabajadores a realizarle un “Paro Cívico Nacional” para presionarlo. Las dirigencias liberal y conservadora ya habían negociado un pacto en un balneario cercano a Barcelona, España. El acuerdo, llamado “Frente Nacional”, era que cada cuatro años, a partir de 1958, y durante 16 años, se alternaría el gobierno. Los que fomentaron el desangre resurgieron como civilistas, autores del retorno a la democracia. Esa oligarquía bipartidista y sus medios de prensa fueron tendiendo un manto de amnesia que los auto-amnistió de tantos miles de crímenes: Se cree que entre 1948 y 1958, período conocido como “Epoca de la violencia”, fueron asesinados unos 300 000 colombianos. Y unos 200 mil fueron desplazados de las mejores tierras. Todos pobres. El ministro de Guerra del primer gobierno del Frente Nacional, general Alberto Ruiz Novoa, dejó en claro: “sí sabemos que no fueron las Fuerzas Armadas las que dijeron a los campesinos que asesinaran a los hombres, a las mujeres y a los niños para acabar con la semilla de sus adversarios políticos, sino los representantes y los senadores, los políticos colombianos.” (8) Esos responsables nunca han sido juzgados.</p> <p>Cínicamente, tratando de encontrar uno, se enjuició al general Rojas Pinilla: lo encontraron responsable de contrabando de ganado y unos cuantos auto préstamos bancarios.</p> <p>Con el Frente Nacional se acabarían las luchas partidistas pero nacería la que había sembrado la propia oligarquía: la lucha de clases. Hasta el día de hoy.</p> <p>Un suceso externo sacudió la política colombiana, sintiéndose por todo el hemisferio, particularmente en Washington: Sin ningún apoyo externo, el Primero de enero de 1959 triunfó la revolución cubana. En abril de 1961 Fidel Castro declaró el carácter socialista de la revolución, algo que no esperaba ni Moscú. El “enemigo” estaba en el mismo patio. Había que evitar nuevas Cubas, por ello la función de los ejércitos latinoamericanos debía pasar de “defensa del hemisferio”, a la de “seguridad interna”.</p> <p>Fue al gobierno del presidente John F. Kennedy a quien le correspondió instaurar lo que se conocería como Doctrina de Seguridad Nacional (DSN). Esta englobaba toda una variante de metodologías contrainsurgentes, necesarias para enfrentar al nuevo tipo de enemigo. Las bases de la DSN las sentó Francia a partir de sus experiencias militares en las guerras colonialistas de Indochina y Argelia. En el Fuerte Bragg, centro de Guerra Especial del Ejército de Estados Unidos, se fueron perfeccionando. Ahí se adoptaron hasta la experiencia nazi. La guerra en Vietnam sería el terreno propicio para su aplicación.</p> <p>La premisa fundamental de la DSN es acabar con el “enemigo interno”, el que en “dependencia de la imagen que se le quiera explotar se puede denominar ‘bandolero', ‘subversivo', ‘guerrillero' o ‘terrorista'.” (9) Y enemigos “no son solo aquellos que explícitamente se identifican con el cambio social, sino cualquiera que no se adhiera a las políticas represivas que la seguridad nacional exige […].”</p> <p>Como se trataba de la seguridad nacional, a las Fuerzas Armadas se les fue trasladando, directa o indirectamente, el poder político, con el beneplácito de las elites económicas. Por ello las Fuerzas Armadas necesitaban una preparación y adiestramiento militar diferente. En especial el ejército. A comienzos de 1961 se inició la restructuración académica que se impartiría a los militares latinoamericanos. El propio procurador Robert Kennedy, hermano del presidente, se encargó de supervisarla. El centro de adoctrinamiento se llamó Escuela de las Américas, y se estableció en la zona del canal de Panamá. Como básico se incorporó al programa de estudios el Curso de Operaciones de Contraguerrilla, desarrollado en el Fuerte Bragg. Desde el primer momento los militares colombianos estuvieron entre los más numerosos. (10)</p> <p>En Colombia le correspondió a los civiles del Frente Nacional aplicar las directrices de la DSN. Lo que no trajo traumas, pues, como ya vimos, desde 1949 se les había entregado a los militares responsabilidades de Estado. Para comienzos de los años sesenta las autodefensas campesinas del sur-occidente del país, ahora lideradas por el Partido Comunista, persistían en resistir. Por tanto se decidió aplicar la Acción Cívico-Militar (ACM), para lo cual viajó un equipo especial desde el Fuerte Bragg, en febrero de 1962. Se pretendió mostrar a militares y policías como entes de utilidad social y pública; que llevaban al campo y a los barrios humildes asistencia médica y alimenticia; que mano a mano con el pueblo construían escuelas y carreteras. “Ganar los corazones y las mentes” al comunismo era una de las estrategias de la ACM. La otra era colectar información de inteligencia. (11) Por su dinámica, la ACM permitió a las Fuerzas Armadas ser parte de los ministerios de Agricultura, Obras Públicas, Salud y Educación. Así empezó la militarización de la sociedad colombiana y de sus instituciones.</p> <p>En este mismo año de 1962, al amparo de leyes dictadas bajo estado de sitio, se entregó a las Fuerzas Armadas los problemas de “orden público”, que incluía todo tipo de protesta social. Ya no fue necesario invocar a “bandoleros” ni “guerrilleros” para justificar la intervención militar. Se seguían dando los pasos necesarios para instaurar una democracia bien restringida, donde se mezclaron elementos de la democracia formal con mecanismos típicos de los regímenes más autoritarios. Sin dictaduras que dañaran la imagen.</p> <p>El 27 de mayo de 1964 el general Álvaro Ruiz Novoa expresó en una asamblea de la Sociedad de Agricultores de Colombia (SAC), la de los latifundistas: “No es difícil probar que en Colombia existe un estadio de injusticia en la posesión de la tierra y que esta situación es la responsable de la pobreza y el atraso del país, pues no solo mantiene a millones de campesinos en estado de miseria y de ignorancia, sino que tratándose de un problema fundamental, su estado influye decisivamente como lastre para el progreso general.” (12)</p> <p>A pesar de tan honesta declaración, el general estaba involucrado en una acción militar que, por sus proporciones, superaba a las anteriores: la Operación Marquetalia. Se adelantaba contra los “bandoleros” del suroccidente del país, en las regiones de Marquetalia, Riochiquito, El Pato y Guayabero. En esos territorios se estrenó la ACM en el continente. Junto a ella se implemento la guerra sicológica, tal y como las fuerzas especiales estadounidenses lo venían haciendo en Vietnam. En la radio los campesinos escuchaban informaciones falsas o alarmistas que creaban zozobra y desconfianza. El resto del país escuchaba, con persistencia, que los comunistas estaban creando en esas regiones “repúblicas independientes”.</p> <p>Encabezados por los veteranos de Corea, y los egresados de las escuelas de Lanceros y de las Américas, 16 000 soldados cercaron los territorios. Contaban con el asesoramiento de expertos estadounidenses, unos trasladados desde Vietnam. También estuvieron respaldados con artillería pesada y poderosa aviación, aportada por el Comando Sur estadounidense. Esa demostración de fuerza, acompañada de la histeria desinformativa, para agredir a un grupo de 52 hombres y 3 mujeres mal armado. Las operaciones se iniciaron el 27 de mayo de 1964.</p> <p>Jaime Guaracas, uno de los que participó en la defensa de las regiones, cuenta: “Ninguno de nosotros tenía experiencia militar. Ni sabíamos qué tipo de ejército íbamos a enfrentar. Había dos reservistas, pero no sabían de técnicas de combate, ni siquiera cómo hacer una emboscada.” (13) El grupo era dirigido por un campesino comunista llamado Manuel Marulanda Vélez, quien se había se había vinculado al movimiento de autodefensa comunista en 1953. Estos campesinos se vieron obligados a diseñar una nueva forma de resistencia, de guerra de guerrillas, de unidades en movimiento permanente que evitaban la confrontación, y que cuando atacaban tenían en la sorpresa su mejor arma.</p> <p>Así nació, en ese día de mayo, la organización que dos años después se empezaría a llamar Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC). El 4 de julio, cuando la “Operación Marquetalia” arreciaba, en el departamento de Santander, al otro extremo del país, al nororiente, 18 hombres iniciaban una marcha guerrillera. Con ellos daba los primeros pasos el Ejército de Liberación Nacional (ELN). La mayoría eran estudiantes universitarios. Un jovencito de 15 años los acompañaba: Nicolás Rodríguez Bautista, quien se conocería como Gabino, y que hoy es su actual comandante.</p> <p>Esta organización era uno de los “efectos” de la revolución cubana. En 1962 el gobierno de la Isla concedió becas a 27 jóvenes colombianos. “El objetivo de era capacitarse política e ideológicamente. Luego, siete de ellos adquirieron formación militar y regresaron al país para crear al ELN. Su táctica fue novedosa, pues ya no actuaba como las autodefensas campesinas, que se dedicaban a defender una zona y a su población.” (14) Esto lo demostró seis meses después, el siete de enero de 1965, cuando atacó y se tomó la población de Simacota. Ahí se leyó y se distribuyó un manifiesto donde se explicaba los motivos de su lucha armada. El ELN fue la primera organización que se propuso la toma del poder.</p> <p>Por aquel entonces el comandante Ernesto "Che" Guevara, había escrito el libro "Guerra de guerrillas: un método”, que se convirtió en la guía práctica e ideológica para esta la naciente organización. Como era de esperarse, al implantarse en el campo, serían los campesinos su fuerza mayor. A ellos se unieron varias monjas y sacerdotes, inspirados en la Teología de la Liberación, como Camilo Torres y el español Manuel Pérez, quien llegaría a ser su máximo comandante.</p> <p>Desde su comienzo, ELN trató de no caer en la pugna ideológica chino-soviética que vivía la casi totalidad de la izquierda en el mundo. Su referente fue durante muchos años la revolución cubana.</p> <p> La confrontación entre los que se consideraban marxistas-leninistas y los “jrushovistas” (refiriéndose al Primer secretario del Partido Comunista soviético, Nikita Jrushchov. NDA), se vivió al interior del Partido Comunista colombiano. Unos de ellos rompieron y empezaron a crear el Partido Comunista de Colombia, Marxista-Leninista. Eran los pro-chinos o maoístas. También fue en 1964. De ahí nacería el Ejército Popular de Liberación (EPL), en 1967. La revolución cubana influyó en esa ruptura. “Su ejemplo, de un proceso rápido hacia un desarrollo guerrillero importante y con miras a la toma del poder, le dio razón a los que criticaban al Partido Comunista que descartaba la lucha armada que no fuera de autodefensa. Nosotros pensábamos que se debía asumir una actitud de iniciativa, donde se golpeara al enemigo antes de que nos golpeara.” (15)</p> <p>Por estas fechas se cumplen 50 años de la formación de esas organizaciones guerrilleras, las que están presentes por todo el país, principalmente las FARC y el ELN. Y lo más triste y extraordinario de la historia, es que las condiciones objetivas que llevaron a su nacimiento, tanto sociales, económicas, políticas como de represión, se han incrementado. Washington decide hoy más que nunca en la vida de los colombianos, sin dejar de atizar la guerra.</p> <p>El 2 de septiembre de 1958, unos humildes campesinos guerrilleros, liberales y comunistas, le hacían llegar una carta al presidente Alberto Lleras Camargo:”La lucha armada no nos interesa, y estamos dispuestos a colaborar por todas las vías a nuestro alcance en la empresa pacificadora que decidió llevar este gobierno.” Se les respondió con represión. Entre los firmantes estaba Manuel Marulanda Vélez.</p> <p>Cuando se inició la “Operación Marquetalia”, el presidente conservador Guillermo León Valencia expresó dos frases que se convertirían en una eterna repetición de todos sus sucesores, sin excepción, cada vez que han lanzado sus campañas militares contra las guerrillas, siempre acompañadas de “expertos” y armamento estadounidense, y que nunca han logrado cumplir: “Mucho antes de que termine mi gobierno el país estará totalmente pacificado. Esa es una decisión que no vamos a quebrantar por ningún motivo”. (16)</p> <p>* <a href='http://www.lemondediplomatique.cl/De-Truman-a-Santos-Colombia.html' class='spip_out' rel='nofollow'>http://www.lemondediplomatique.cl/D...</a></p> <p><strong>Notas:</strong></p> <p>1. Memorias del Ministerio de Guerra, Ignacio Rengifo, 1927. Citado en Renán Vega Cantor: Colombia entre la Democracia y el Imperio. Editorial El Búho, Bogotá, 1989.</p> <p>2. Gerald Haines: The Americanization of Brazil. SR Books, Lanham, 1989.</p> <p>3. Germán Guzmán Campos; Orlando Fals Borda; Eduardo Umaña Luna: La Violencia en Colombia. Estudio de un proceso social, tomo 1. Ed. Círculo de Lectores, Bogotá, 1988.</p> <p>4. Elsa Blair Trujillo: Las Fuerzas Armadas. Una mirada civil. Ed. Cinep, Bogotá, 1993.</p> <p>5. Juan Lozano y Lozano, en el Prólogo a Las Guerrillas del Llano. Eduardo Franco Isaza, Las Guerrilleras del Llano, Ed. Círculo de Lectores, Bogotá, 1986.</p> <p>6. José Joaquín Matallana, en Olga Behar: Las Guerras de la Paz, Ed. Planeta. Bogotá, 1985.</p> <p>7. José Joaquín Matallana, en Arturo Alape. La Paz, la Violencia: Testigos de Excepción. Ed. Planeta. Bogotá, 1985;</p> <p>8. Citado en James Henderson: Cuando Colombia se desangró. Áncora Editores, Bogotá, 1984.</p> <p>9. “La Guerra Total”. Ponencia de Deborah Barry, Raúl Vergara y Rodolfo Castro. Universidad de California del Sur. Febrero de 1986.</p> <p>10. De 1949 a 1996 se graduaron cerca de 10 000 oficiales y suboficiales colombianos en los centros de guerra irregular estadounidenses.</p> <p>11. Peter Watson: Guerra, Persona y Destrucción. Usos militares de la psiquiatría y de la sicología. Ed. Nueva Imagen, México, 1982.</p> <p>12. Álvaro Ruiz Novoa. Revista de las Fuerzas Armadas, N°. 26. Bogotá, mayo-junio de 1964.</p> <p>13. Entrevista del autor a Jaime Guaracas, uno de los fundadores de las FARC. Marzo 2009.</p> <p>14. Entrevista del autor a Ramiro Vargas, miembro del Comando Central del ELN. Septiembre de 1998.</p> <p>15. Entrevista del autor a Oscar William Ospina, dirigente del PCC-ML y del EPL. Enero de 1985.</p> <p>16. <i>El Tiempo</i>, Bogotá, 8 de mayo de 1964.</p></div> VIDEO : "Les Cinq : Obama, le choix de l'injustice" http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article514 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article514 2014-05-15T09:53:54Z text/html fr Hernando Calvo Ospina "Les Cinq : Obama, le choix de l'injustice" Cette vidéo contient des interviews à des personnalités françaises à propos de la condamnation injuste de cinq Cubains antiterroristes aux États-Unis. Elle présente aussi le témoignage de deux d'entre eux, libérés et rentrés à Cuba depuis peu après de longues peines de prison. Ainsi que le témoignage des femmes de deux autres, toujours incarcérés. C'est un appel au président Obama pour qu'il libère dès maintenant les trois Cubains encore emprisonnés. (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique15.html" rel="directory">ENTRETIENS</a> <div class='rss_texte'><p><strong>"Les Cinq : Obama, le choix de l'injustice"</strong></p> <p>Cette vidéo contient des interviews à des personnalités françaises à propos de la condamnation injuste de cinq Cubains antiterroristes aux États-Unis. Elle présente aussi le témoignage de deux d'entre eux, libérés et rentrés à Cuba depuis peu après de longues peines de prison. Ainsi que le témoignage des femmes de deux autres, toujours incarcérés. C'est un appel au président Obama pour qu'il libère dès maintenant les trois Cubains encore emprisonnés.</p> <p><a href='http://www.youtube.com/watch?v=4XCslQiEq0g' class='spip_out' rel='nofollow'>http://www.youtube.com/watch?v=4XCs...</a></p></div> "We wisten dat we de tol betaalden revolutionairen te zijn" http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article513 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article513 2014-05-13T11:01:25Z text/html nl Hernando Calvo Ospina Interview door Hernando Calvo Ospina met de Cubaanse antiterrorist Fernando Gonzalez die onlangs vrijgelaten werd. Ik zag ze aankomen. De afspraak was op de Plaza de Armas, de kant van El Templete, in Oud Havana. Ik had nooit gedacht dat ze zouden komen. Zijn stap was traag, zorgeloos. Ze wilden rondkijken en alles in het oog houden. Het was alsof ze de stad wilden verkennen. Alsof ze de meest toegewijde toeristen zouden zijn. Ik wilde hem onmiddellijk ontmoeten, maar ik gaf het op toen (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique29.html" rel="directory">VARIOS IDIOMAS</a> <div class='rss_texte'><p><strong>Interview door Hernando Calvo Ospina met de Cubaanse antiterrorist Fernando Gonzalez die onlangs vrijgelaten werd.</strong></p> <p>Ik zag ze aankomen. De afspraak was op de Plaza de Armas, de kant van El Templete, in Oud Havana. Ik had nooit gedacht dat ze zouden komen. Zijn stap was traag, zorgeloos. Ze wilden rondkijken en alles in het oog houden. Het was alsof ze de stad wilden verkennen. Alsof ze de meest toegewijde toeristen zouden zijn.</p> <p>Ik wilde hem onmiddellijk ontmoeten, maar ik gaf het op toen ik om me heen keek. Vele ogen keken hen aan en ze geloofden niet dat hij het was. Toen kwam er een vrouw naar hen toe, en raakte hen aan om te zien of zij het wel waren. Ze omhelsden elkaar. Ze liepen een paar stappen verder en drie andere jonge mannen kwamen hen begroeten. Maar de meerderheid op het plein was tevreden met naar hen te kijken. Zij bejegenden de mensen met de grootste tederheid en waren blij met die tekenen van genegenheid.</p> <p><span class='spip_document_415 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L500xH393/fdo558-20140407-2025-ca1ad.jpg' width='500' height='393' alt="" style='height:393px;width:500px;' /></span></p> <p>Na het aanhoren van een versie van Guantanamera in een aangepaste versie voor de " Vijf Helden" door drie straatmuzikanten kwamen ze eindelijk aan op de plaats van het rendez-vous. Daar ging ik dan op hen af. En ik ging meteen Fernando omhelzen. We versmolten in die knuffel.. en zelden heb ik zon intense omhelzing gegeven of van een man gekregen. Ik drukte mijn bewondering uit voor zijn nobele werk en voor de jaren doorgebracht in de gevangenis. Daarna begroette ik zijn vrouw, Aurora Rosa Freijanes. Ik wist niet wie eerst te begroeten: Rene, de andere vrijgekomen anti - terrorist, of zijn vrouw Olga, met wie ik al een paar maanden geleden een ontmoeting had. Ik denk dat ik eerst haar omhelsde. Op dat moment zag ik een dame die onopgemerkt wilde blijven: Elizabeth Palmeiro, de echtgenote van Ramón Labañino, een van de 'Vijf Cubanen' die nog steeds onterecht gevangen zitten in de Verenigde Staten.</p> <p>Dominique Leduc, de secretaresse van de Franse Vereniging voor solidariteit met Cuba, was meer dan verbaasd. Ik had haar uitgenodigd zonder dat ze wist waar het juist over ging.</p> <p>Het was erg winderig, waardoor het erg moeilijk was om op straat te filmen. Dus vroeg ik aan de directie van een hotel om hen te interviewen in de kleine binnenplaats. Ze waren direct akkoord toen ik zei wie ze waren. "Het is een grote eer voor ons om onze helden te ontvangen". Ik had mijn rug nog niet gedraaid om hen te gaan halen, toen het nieuws zich begon te verspreiden onder de werknemers van het hotel. " Dit volk heeft veel aan hen te danken " hoorde ik een zwarte man erg opgewonden uitroepen.</p> <p>Fernando zat gereed voor het interview. Voordat Roberto Chile, de beroemde Cubaanse cameraman, het groene licht gaf om te filmen vroeg ik mij af hoe het mogelijk was dat zij daar zo eenvoudig en nederig zaten te wachten terwijl ze op elke hoek van de straten en in elke woning van Cuba gezien worden als helden?</p> <p><span class='spip_document_416 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/IMG/jpg/fdoN1014.jpg' width='500' height='376' alt="" style='height:376px;width:500px;' /></span></p> <p><strong>Fernando verklaarde:</strong> " De bewakers maakten me wakker in de ochtend van donderdag 27 februari. Dan werd ik geketend aan de handen,de taille en de voeten. Om 3u30 werd ik uit de gevangenis van Safford ( Arizona ) gehaald. Ik was zogezegd vrijgelaten, maar daar aan de deur werd ik weer opnieuw aangehouden door de immigratie-autoriteiten. En ik werd vervoerd met een sterk bewaakte colonne naar de stad Phoenix. Dan naar Miami... De operatie duurde ongeveer 36 uur. Ik was altijd geboeid. Het was een grote veiligheidsoperatie die me verraste.</p> <p>"Zelfs op het vliegtuig dat me naar Cuba bracht had ik boeien aan. Ze waren wel van plastic. Ze werden doorgesneden in het vliegtuig toen de deur openging op de luchthaven Jose Marti in Havana. Slechts op dat moment voelde ik me vrij. "</p> <p><strong>Hoe hebben de andere gevangenen zich gedragen tegenover U? Wisten ze wie je was?</strong></p> <p>In het begin was ik gewoon een gevangene meer. Maar beetje bij beetje werd mijn geval beter bekend dankzij de internationale solidariteit. De solidariteit van de organisaties in de Verenigde Staten was er in geslaagd om ons geval op een aantal alternatieve televisiezenders uit te zenden. Bovendien ontvingen wij leesmateriaal dat we deelden met de andere gevangenen. Dit trok de aandacht van de andere gevangenen en zo realiseerden ze zich dat we mensen waren met een ander gedachtegoed. Toen kwamen zij met ons praten over Cuba en over de Revolutie.</p> <p><strong>Jij bent gevangen geweest gedurende vijftien jaar, vijf maanden en vijftien dagen. Was het een straf die werd gegeven aan Fernando Gonzalez?</strong></p> <p>Vanaf het begin van dit proces wisten we dat we werden gestraft omdat we Cubaanse revolutionairen waren. En ook omdat we werkten voor de inwoners van Cuba, voor de Revolutie, en zelfs voor het Amerikaanse volk. Want we waren er op uit om terroristische acties te voorkomen die hen schade zou hebben berokkend.</p> <p>De straf was niet tegen mij, niet tegen ons. Ze hadden er behoefte aan om wraak te nemen omwille van hun haat tegen een revolutionair proces, en tegen heel onze geschiedenis. En zo hebben wij dat ook opgevat.</p> <p><strong>Hoe voel je je in Cuba?</strong></p> <p>Ik voel me heel vrij, en niet alleen omdat ik uit de gevangenis weg ben. Ik heb nu die vrijheid die me ontzegd werd in de VS. Hier heb ik de vrijheid om te doen wat ik wil, met inbegrip van politieke vrijheid. Het is zo dat men in de Verenigde Staten geen vrijheid van denken heeft, want er bestaan veel mechanismen om de gewetens van mensen te controleren en te manipuleren.</p> <p><strong>Maar er zitten nog drie Cubanen in de gevangenis...</strong></p> <p>We zijn veel dank verschuldigd aan alle vrienden in de wereld voor wat ze gedaan hebben voor onze vrijheid. Maar we hebben nog veel te doen, omdat we niet gelukkig zijn met het feit dat Ramon en Antonio hun veroordeling moeten uitzitten zoals René en ik ze uitgezeten hebben. Dat zou betekenen dat Gerardo nooit terug zou komen. Daarom moeten de vrienden van de internationale solidariteit er blijven op aandringen dat de drie zo snel mogelijk vrijkomen en terug kunnen keren.</p> <p><strong>Heb je het gevoel dat de Revolutie en het Cubaanse volk jullie loyaal zijn gebleven?</strong></p> <p>Ze zijn heel loyaal met ons geweest. Daar heb ik nooit aan getwijfeld. Voor ons was het heel duidelijk wat onze verantwoordelijkheid was en dat we moesten weerstand bieden.We waren er ons van bewust dat we de steun van de Revolutie en van het volk van Cuba zouden krijgen. En dit omvat vele Cubaanse inwoners van de Verenigde Staten en ook wereldwijd. Op een bepaalde dag besloot men dat de verdediging en het ondersteunen van de Vijf publiekelijk zou gebeuren. Dat was een politieke beslissing. Maar zelfs als dat niet zo zou geweest zijn, wisten we dat we niet alleen zouden staan.</p> <p>Vert.: Toon Mondelaers.</p> <p>http://<strong>cubanismo.net</strong>/cms/nl/artikels/we-wisten-dat-we-de-tol-betaalden-revolutionairen-te-zijn</p></div> Gabo : Exil, politique et autres papillons http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article512 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article512 2014-05-05T14:27:47Z text/html fr Hernando Calvo Ospina C'est la seule dictature officielle de la Colombie au siècle dernier, celle du général Gustavo Rojas Pinilla, qui l'obligea à fuir du pays. C'était en 1955. Gabriel García Marquez, Gabo, travaillait pour le journal de Bogota El Espectador. La faute en revient à « Récit d'un naufragé », une simple information transformée en un récit puissant et long, rédigé à partir du dialogue qu'il eut avec un jeune marin de la Marine Nationale. En quatorze épisodes, il relatait en détail ce qu'avait vécu cet homme qui passa (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique11.html" rel="directory">ARTICLES</a> <div class='rss_texte'><p>C'est la seule dictature officielle de la Colombie au siècle dernier, celle du général Gustavo Rojas Pinilla, qui l'obligea à fuir du pays. C'était en 1955. Gabriel García Marquez, Gabo, travaillait pour le journal de Bogota <i>El Espectador</i>. La faute en revient à « Récit d'un naufragé », une simple information transformée en un récit puissant et long, rédigé à partir du dialogue qu'il eut avec un jeune marin de la Marine Nationale. En quatorze épisodes, il relatait en détail ce qu'avait vécu cet homme qui passa plusieurs jours dans la mer. La controverse publique qui suivit ne plut pas à la dictature, car le navire était bourré de contrebande. Pour protéger Gabo, la direction du journal lui proposa d'aller en Europe en tant que correspondant.</p> <p>Ce qu'il n'avait pas vécu sous la dictature colombienne, il le vécut dans le pays des Droits de l'Homme. Après être passé par Rome, il descendit d'un train à Paris, « une glaciale nuit de décembre 1955 », ainsi qu'il le raconte lui-même. En ce moment-là précisément, le peuple d'Algérie luttait contre l'invasion française. Gabo se rappelait que la police parisienne, qui l'avait confondu avec un algérien, l'avait arrêté et craché dessus. « La police bloquait soudain la porte d'un café ou d'un bar d'arabes du Boulevard St Michel et emmenait sous les coups tous ceux qui n'avaient pas une tête de chrétien. Et moi, j'étais l'un de ceux-là, forcément. » Les autres détenus se méfiaient logiquement de lui, malgré sa tête de « vendeur de tapis à domicile. » Mais à force d'aller dans les commissariats, de dormir tassé contre les algériens, il finit par gagner leur confiance. Ils réussirent à communiquer entre eux dans un méli-mélo de langues et de signes. « Une nuit, l'un d'eux me dit que quitte à être prisonnier, autant être coupable plutôt qu'innocent, alors je me suis mis à travailler pour le Front de Libération National d'Algérie. Il s'agissait du médecin Anied Tebbal, qui à cette époque fut l'un de mes grands amis à Paris. » C'est ainsi qu'en participant à des actions de subversion, le journaliste exilé devint militant de l'une des causes révolutionnaires qui, à ce moment, était des plus dangereuses pour la sécurité personnelle. C'est pour cela que des années après, dans l'Algérie libre, Gabo fut invité plusieurs fois aux festivités de la libération. Lors de l'une d'elle, il déclara : « La révolution algérienne est la seule pour laquelle j'ai été fait prisonnier. » (1)</p> <p>Paris continuait à ne pas ouvrir les bras à Gabo. Il persistait pourtant à gagner son affection, mais la chance ne lui souriait pas. A Bogota, <i>El Espectador</i> fut fermé par le dictateur, et le journaliste se retrouva sans salaire. L'estomac de Gabo dut s'accoutumer à des jours sans un morceau de pain, quand l'aumône du passant ne tombait pas dans sa main tendue. Il eut une amoureuse, Tachia Quintero, une belle basque, exilée elle aussi. Ils partageaient la misère en plus des baisers. Cette même pauvreté qui les poussait à se disputer entre eux, à défaut de leur permettre de s'en sortir. Et c'est ainsi qu'entre le lit, la faim et la pauvreté naquit « Pas de lettre pour le colonel ». (2)</p> <p>En 1959, la révolution cubaine triompha. Sous l'impulsion d'Ernesto “Che” Guevara, l'agence d'information Prensa Latina fut créée en avril, dont le premier directeur sera le journaliste et guérillero argentin Jorge Ricardo Masetti. Gabo accepta l'invitation à participer au projet, et s'installa à la Havane pendant six mois. Peu après, il prit la responsabilité de créer le bureau à Bogota. En 1960, il vint à New York en tant que correspondant de Prensa Latina. Il fallait être courageux et engagé pour accepter une telle responsabilité car la CIA et la contre-révolution assassinaient par balles ou bombes ceux qui étaient avec la Révolution. Aux Etats-Unis, la pression et les menaces furent telles contre le colombien, qu'il s'installa à Mexico en 1961. On peut dire que ce fut la première fois qu'il a cherché asile à cause de l'intransigeance politique. Mais même dans ce pays, il ne fut pas protégé de la qualification de “communiste” et d' “agent castriste”.</p> <p>C'est là qu'il écrivit « Cent ans de solitude », son chef-d'oeuvre. Publié en 1967, après que le premier éditeur à qui il l'avait proposé en eut dit : »Je crois que ce roman n'aura pas de succès, je crois que ce roman ne sert à rien. » La maison d'édition Editorial Sudamericana de Argentina le publia, et sauva la famille Garcia Marquez d'un beau problème avec les commerçants. Ceux-ci lui faisaient sans cesse crédit de nourriture, sous la promesse que l'argent allait arriver demain.</p> <p>En 1963, quand Gabo voulut retourner aux Etats-Unis pour raisons professionnelles, son visa lui fut refusé, comme ce fut le cas plusieurs fois jusqu'en 1971. En 1984, à nouveau les Etats-Unis le lui refusèrent, bien qu'il fût invité par l'Université de Columbia. Il était dit qu'il avait des relations avec les communistes et les anarchistes. Un mélange politique qui ne peut que provenir des “sages” du gouvernement étasunien. Les interdictions de toucher le sol étasunien se répétèrent, et ce jusqu'en 1994, quand le gouvernement Clinton lui accorda le visa, et que le président l'invita à dîner. Le dirigeant le considérait comme son « héros littéraire ».</p> <p>Il faut dire que Gabo n'était pas seulement l'ami de Fidel Castro et de la révolution cubaine. Il avait aussi de nombreuses amitiés dans la gauche mondiale. Même si après « Cent ans », la droite aussi le considérait avec sympathie, et que lui-même ne voyait pas d'inconvénients à se laisser courtiser. Courtiser, car il n'existe pas de preuves qu'il se soit vendu ni loué. Il avait raison. C'est cela faire de la politique.</p> <p>Gabo a été décisif dans la création et le développement de la revue <i>Alternativa</i>. Sans aucun doute, la meilleure revue de gauche de l'histoire de la Colombie. De 1974 à 1980, <i>Alternativa</i> révolutionna l'information depuis l'autre bord politique. Elle contre informait de manière moderne, avec un langage de qualité pour tous publics. Les enquêtes et les reportages hebdomadaires faisaient toujours des étincelles et donnaient des maux de tête à la classe dirigeante et au gouvernement. Mais, dans un pays où l'intransigeance politique a toujours été reine, les menaces contre les journalistes et les bombes qui éclatèrent au siège du journal furent la règle. <i>Alternativa</i> a été l'unique projet journalistique ayant réussi à réunir des membres importants du milieu intellectuel petit-bourgeois, et quelques-uns qui venaient de plus haut. A cette occasion, ceux-ci surent regarder et exprimer la situation de ceux d'en bas ainsi que le cœur néfaste du pouvoir. La machinerie du système réussit à étouffer économiquement cette revue.</p> <p>Début 1981, sous le gouvernement de Julio Cesar Turbay Ayala, l'organisation guérilla M-19 tenta de débarquer des armes par la côte Pacifique. Pour la première fois dans l'histoire du pays on vécut une répression généralisée contre tout ce qui avait une odeur d'opposition politique. Les prisons se remplirent de gens torturés, qui n'avait pour la majorité pas de relation avec les guérillas. A Bogota, des centaines de personnes furent amenées dans les écuries de l'armée. Entre autres techniques de torture, les chevaux étaient entrainés pour provoquer la terreur : en essayant de violer des personnes attachées et enduites de miel. On pensait sûrement envoyer Gabo là-bas après l'avoir arrêté. Le “renseignement” militaire considérait qu'il faisait partie du M-19, et qu'il avait à voir avec les débarquements, puisque les armes étaient supposées venir de Cuba, et que, quelques semaines auparavant Gabo s'était trouvé là-bas.</p> <p>L'écrivain, qui était déjà le personnage colombien le plus reconnu au monde, dut partir de nouveau en exil. Mexico lui offrit de nouveau refuge, bien que ses services de sécurité continuèrent à le surveiller : ils pensaient aussi que son parcours n'était pas si politiquement correct. C'est ce qu'ont révélé il y a peu des documents déclassifiés de la sécurité mexicaine.</p> <p>Nous dirons, cyniquement, que les militaires, maitres du pouvoir en Colombie depuis ce temps-là, faisaient leur “travail”. Mais c'est une chose que la grande presse aurait dû refuser. Cependant, comme c'est devenu la norme depuis, c'est elle qui mit la corde au cou de Gabo. Dans un éditorial dominical publié dans le principal journal du pays, <i>El Tiempo</i>, les “raisons” pour lesquelles Gabo était “coupable ” furent exposées. Rafael Santos Calderon n'eut pas le cran de le signer de son nom, mais y apposa le pseudonyme de Ayatola. Par la suite, l'accusé écrivit une note publique à son propos : « Je ne sais pas avec certitude de qui il s'agit, mais le style et la conception de son texte le dénoncent comme un attardé mental qui n'a pas du tout le sens des mots, qui déshonore le métier le plus noble du monde avec sa logique d'oligophrène [...] ». Et il poursuivit, en disant du journal, qui empira au fil des années, qu'il était comme « un monstre sans contrôle qui s'empoisonnait avec son propre foie. Cependant, cette fois, le monstre est allé au delà de toute limite permise et est entré dans le domaine sombre de la délinquance. D'un côté, un Gouvernement arrogant, ébranlé et sans but, soutenu par un journal dément dont l'étrange destin est, depuis de nombreuses années, d'être toujours d'accord avec les présidents qu'il déteste. »</p> <p>Dès lors, Gabo n'a plus été que de passage en Colombie. Ce Gabo qui fut le contraire de cette très mauvaise image qui pèse sur les colombiens : le narcotrafic, si protégé par les classes dirigeantes qui en profitent.</p> <p>Cependant, on a dit, et ce jusqu'après sa mort, qu'il « haïssait » ses concitoyens. Qu'il était prétentieux et que c'est pour cela qu'il ne vivait pas parmi eux. Et bien sûr, les qualificatifs préférés n'ont pas manqué : ami de terroristes, chaviste et castriste. Un « communiste méprisable » dira un journaliste qui écrivit soi-disant sa biographie. Le jour même de sa mort, la sénatrice Maria Fernanda Cabal lui souhaita d'aller en enfer, aux côtés de Fidel Castro et d'Hugo Chavez. Cela a toujours été le souhait du chef politique de cette dernière, l'ancien président Alvaro Uribe Velez.</p> <p>« Immortel », titrait en lettres immenses l'édition digitale de <i>El Tiempo</i> à la mort de Gabo. Sans mentionner le fait que le journal avait été le co-auteur de son exil en 1981.</p> <p>Gabo est mort à Mexico, le 17 avril dernier. Et c'est à Mexico qu'il a été incinéré. Le président de la Colombie, Juan Manuel Santos, et plusieurs officiels du pays ont dû venir jusqu'ici pour lui rendre « hommage ». Aucun responsable politique, y compris le président n'a eu l'honnêteté d'expliquer pourquoi son corps n'a pas été transféré en Colombie, et incinéré là-bas. Personne ne le sait. Personne ne veut le savoir.</p> <p>Par contre, profitant de sa disparition physique, le président Santos a utilisé son nom pour mentir au sujet de réunions et de négociations avec les guérillas colombiennes. Il l'a fait lors d'une interview pour la <i>BBC</i> de Londres. Il y a dit : « Je suis allé de nombreuses fois à Cuba à des réunions avec leurs dirigeants, convoqués par Gabo et par Fidel Castro. » (3) D'après ce qu'a pu vérifier l'auteur de ce texte, il s'agit d'un mensonge éhonté. Jamais Gabo ni Fidel ne l'ont convoqué pour cela. L'histoire véritable ne ment pas.</p> <p>Et c'est ainsi que Gabo continue d'être en exil.</p> <p><strong>Traduction</strong> : Hélène Vaucelle.</p> <p>Notes :</p> <p>1) <a href='http://elpais.com/diario/1982/12/29..' class='spip_out' rel='nofollow'>http://elpais.com/diario/1982/12/29..</a>.</p> <p>Lire aussi : <a href='http://www.legrandsoir.info/la-litterature-est-en-deuil-gabriel-garcia-marquez-est-mort.html' class='spip_out' rel='nofollow'>http://www.legrandsoir.info/la-litt...</a></p> <p>2) <a href='http://www.elpais.com.co/elpais/col..' class='spip_out' rel='nofollow'>http://www.elpais.com.co/elpais/col..</a>.</p> <p>3) BBC World, 22 avril 2014.</p></div> « Souvent je me suis mis à pleurer en repensant aux grandes choses qu'on peut réaliser » http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article511 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article511 2014-05-02T07:59:52Z text/html fr Hernando Calvo Ospina En janvier 2005, le journaliste et écrivain Hernando Calvo Ospina a interviewé Juan Formell, l'un des plus grands créateurs de musique populaire cubaine. Comme à son habitude, Hernando souleva des points de controverse. Formell lui répondit en toute franchise et en détails, même aux questions les plus délicates. Voici pour nos lecteurs l'intégralité de cet entretien, dont le contenu n'a pas pris une ride.* (Juan Formell et H. Calvo Ospina, La Havane, janvier 2005) « En considération de sa carrière (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique15.html" rel="directory">ENTRETIENS</a> <div class='rss_texte'><p><i>En janvier 2005, le journaliste et écrivain Hernando Calvo Ospina a interviewé Juan Formell, l'un des plus grands créateurs de musique populaire cubaine. Comme à son habitude, Hernando souleva des points de controverse. Formell lui répondit en toute franchise et en détails, même aux questions les plus délicates. Voici pour nos lecteurs l'intégralité de cet entretien, dont le contenu n'a pas pris une ride</i>.<strong>*</strong></p> <p><span class='spip_document_412 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/IMG/jpg/007-2.jpg' width='500' height='366' alt="" style='height:366px;width:500px;' /></span> (<i>Juan Formell et H. Calvo Ospina, La Havane, janvier 2005</i>)</p> <p> « En considération de sa carrière artistique longue et remarquable, de ses apports dans le domaine de la musique, de sa lutte constante pour la défense des valeurs culturelles de notre nation et de son travail hautement créateur pour le plaisir de notre peuple, qui a contribué à l'enrichissement de notre culture nationale (…). Parce qu'il s'est consacré au développement de la musique populaire cubaine, y reflétant les plus authentiques sentiments de notre peuple, son optimisme et sa vitalité exprimés avec une cubanité proverbiale et des valeurs esthétiques et artistiques élevées ; et pour sa loyauté envers le peuple et la Patrie qu'il a servie avec humilité et désintéressement . »</p> <p> Voilà ce que stipulait la décision du Conseil d'Etat de Cuba, signée par le président Fidel Castro, en concédant la très haute distinction « Ordre Félix Varela » de premier niveau, au compositeur, bassiste et directeur du Groupe Van Van, Juan Formel. La cérémonie de remise eut lieu le 10 mars 2002, au Mémorial José Martí de la Place de la Révolution.</p> <p> Au moment de s'adresser aux assistants, Formell affirma que pour lui cette récompense avait plus de signification que le Grammy, un prix convoité par les artistes du monde entier, et qu'il avait obtenu avec les Van Van deux ans auparavant.</p> <p> Le bassiste, né en août 1942, déclara ce soir-là d'une voix posée : « Le fait de recevoir cet Ordre est une reconnaissance de la musique populaire cubaine. C'est un fait historique, car cette musique a été longtemps marginalisée. C'est une reconnaissance des musiciens qui sont à Cuba et qui ont fait leur travail à partir du quotidien de ce pays sans que personne ne le leur raconte. ».</p> <p> Une haute grille empêche de voir l'intérieur de la maison de Formell, située dans un quartier populaire de La Havane. Je crois que c'est la seule chose qui la distingue de ses voisines. En la regardant, et connaissant le luxe et l'excentricité que s'infligent les artistes célèbres hors de Cuba, je ne peux cacher ma surprise. Ici vit un homme qui est catalogué comme le plus important créateur de musique populaire dansante du dernier quart de siècle à Cuba, et l'un des plus brillants du continent américain.</p> <p> En 1999, durant une tournée dans vingt-six villes étasuniennes, le journal <i>Los Angeles Times</i> écrit que Formell dirige « l'un des orchestres de danse les plus influents dans l'histoire de la musique afro-cubaine ». Le <i>New York Times</i> affirme carrément que les Van Van sont « les Rolling Stones de la salsa ».</p> <p> On me conduit dans un grand salon. Hormis la table de billard, la sobriété de la décoration est frappante. L'aimable hôtesse m'invite à m'asseoir sur l'un des fauteuils en cuir et m'offre de l'eau et du jus de fruit. En amenant les boissons, elle me prie de patienter quelques instants, le temps que l'artiste en ait terminé avec ses visiteurs précédents. Je reste seul quelques minutes dans une atmosphère extrêmement calme.</p> <p> Formell, le créateur de quelque huit cents compositions, arrive le sourire aux lèvres, aimable, en s'excusant de son retard. J'accepte son invitation à un verre de rhum, et il revient avec une bouteille qu'il met à ma disposition. Quand je commence à lui énumérer les sujets que je désire aborder, il pose son verre d'eau, me regarde à travers ses lunettes d'un air amusé et me dit : « Ne perds pas de temps. Pose tes questions. » Puis il me confie qu'il est en train de travailler sur une sorte de biographie avec un journaliste cubain.</p> <p><strong>- Juan, tu es très populaire à Cuba. Raconte-moi donc quelle est la relation des Cubains avec leurs artistes phares.</strong> <br /><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Chico, à Cuba, le public aime beaucoup ses artistes. Mais il s'agit d'un concept très différent de celui de l'étranger en ce qui concerne les « stars », car nous croisons les gens dans la rue presque tous les jours. Selon moi c'est une bonne chose, car cela fonctionne comme un thermomètre qui permet de savoir comme les gens te perçoivent. On partage la vie des gens, par exemple, quand on achète du pain, quand on va chercher de l'essence, ou quand on va restaurant. Dans ces moments-là, les gens s'approchent de toi, te demandent un autographe, te font des commentaires sur ton travail, te font savoir ce qui ne leur plaît pas de tel ou tel morceau, ou de la chorégraphie qu'ils ont vue lors d'un concert. Ils te proposent même des paroles pour une chanson.</p> <p>C'est très utile. On a un niveau de communication spécial avec les gens, car en quelques instants ils te suggèrent certaines choses, ils te proposent des idées, ils t'embrassent affectueusement. Maintenant, ce qui peut arriver aussi, c'est que, quand tu vas chercher de l'essence et que tu te trouves face à une queue immense, dès qu'on te reconnaît, on t'offre de passer devant. Ce sont de petites choses, simples, mais qui me semblent très belles. <strong>- Je suppose que ce genre de contact t'a servi dans ton travail de compositeur, car on retrouve dans tes chansons beaucoup de vécu populaire.</strong> <br /><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> J'ai toujours essayé de ne pas vivre isolé, bien que d'une certaine manière ce soit nécessaire, car on a besoin d'un peu de concentration dans ce travail de créativité qui est très personnel.</p> <p>Pour moi, ce contact, ce niveau de communication avec les gens est très important, car cela te permet d'être un chroniqueur. Je n'ai rien inventé, car Nico Saquito, Benny Moré et Miguel Matamoros, entre autres, l'avaient déjà fait. C'est une pratique courante dans la musique populaire de raconter des faits déterminés avec les caractéristiques de l'époque dans laquelle on vit. On peut inventer beaucoup de situations, mais pour bien raconter, il faut les avoir vécues, aimées et même en avoir souffert. Le Cubain est toujours en train d'inventer des phrases et des mots. Des fois il sort des choses comme : « Ce truc qui va », « par-dessus le niveau » ou « quoi de neuf ? », que l'on comprend très bien quand on connaît la réalité et le contexte cubain, car elles peuvent signifier des milliers de choses.</p> <p>On finit par devenir un chroniqueur de la vie quotidienne quand on assume l'ironie, l'espièglerie ou le double sens de beaucoup de phrases que les gens inventent. C'est-à-dire qu'on s'inspire de la verve populaire et qu'on y ajoute de la musique.</p> <p><strong>- Juan, avant de continuer, parle-moi de tes origines et de ta rencontre avec la musique et la contrebasse.</strong> <br /><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Je suis né en 1942 à Cayo Hueso, un quartier humble de La Havane. Malgré la pauvreté qui y régnait, j'ai été heureux dans ses rues. Tu sais combien la rue a une signification spéciale pour nous, pour notre vie, à Cuba et en Amérique latine. Chico, le contact avec la musique a commencé dans ma propre maison. Mon père, dont je garde de beaux souvenirs, avait beaucoup de capacités, de connaissances musicales et un grand talent. Il a été directeur de plusieurs groupes musicaux, d'orchestres de théâtre, et en plus il composait de la musique populaire et classique. J'adorais venir près de lui pour le voir travailler.</p> <p>Il connaissait mon attirance pour la musique, mais il ne voulait pas que mon frère et moi devenions musiciens ; il préférait que je fasse des études de médecine, même si c'était difficile d'y arriver à cette époque antérieure à la Révolution. Mon père avait raison de vouloir m'éloigner de la musique, car les musiciens vivaient beaucoup de difficultés à cause de l'instabilité du travail.</p> <p>J'insistais auprès de lui pour qu'il m'apprenne, jusqu'au moment où il a dû accepter. Normalement, à Cuba, les enfants commencent à étudier la musique à sept ans, alors que moi j'ai commencé à quatorze. Le pays vivait une situation politique très tendue, car le mouvement révolutionnaire mené par Fidel avait des répercussions partout.</p> <p>Donc mon père ne voulait pas que nous retournions à l'institut où l'on faisait nos études, parce que le trajet que l'on devait faire à pied était très long, et il avait peur qu'il nous arrive quelque chose. Finalement il n'a pas eu le choix et il est devenu mon professeur de musique. Il m'a suggéré d'apprendre à jouer de la contrebasse, car il me disait que cet instrument allait me permettre de travailler avec plus de régularité.</p> <p>Et apparemment il ne s'est pas trompé ! Depuis ce jour, et jusqu'à aujourd'hui, je me suis mis à l'étudier avec beaucoup de passion, toujours en autodidacte.</p> <p><span class='spip_document_413 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L500xH323/Juan-Formell-615x397-2-a5d94.jpg' width='500' height='323' alt="" style='height:323px;width:500px;' /></span></p> <p><strong>- Quels ont été tes premiers pas dans le monde des musiciens professionnels ?</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> J'ai commencé dans la Bande de Musique de la Police Nationale Révolutionnaire, c'est-à-dire, après le triomphe de la Révolution. En 1959 exactement, j'avais 17 ans. Avant cela, je faisais partie de petits groupes qui allaient de bar en bar jouer et ramasser quelques pièces. Quelques années après, comme j'avais aussi appris à jouer de la guitare, j'ai pu accompagner avec un instrument ou l'autre de grands artistes comme Elena Burke et Omara Portuondo. J'ai fait partie des orchestres de Rubalcaba et Peruchin.</p> <p>En 1967, j'ai cessé de jouer de la contrebasse dans l'orchestre qui accompagnait le spectacle de l'hôtel Habana Libre, et j'ai rejoint le groupe de Elio Revé. Je n'avais pas l'intention d'y rester des mois, mais le temps a passé, j'ai commencé à m'occuper des arrangements, à proposer de nouvelles idées, à faire part des préoccupations que j'avais, jusqu'à ce que je me heurte à Elio qui n'était pas disposé à ce que je change toute la sonorité de son groupe. A cette époque, j'étais déjà influencé par le rock, Elvis Presley et les Beatles, mais aussi par nos Cubains, Benny Moré, Felix Chappottin et l'orchestre Aragon. Avec Elio, j'étais limité dans mes aspirations. Bon, pour résumer, je quitte Revé, le 4 décembre 1969 naissent Los Van Van, et l'année suivante on enregistre le premier album.</p> <p>Juan Formell et le percussionniste José Quintana « Changuito » sont les principaux artisans de la création de Van Van. Malgré les limites imposées par les malencontreuses décisions de quelques fonctionnaires, auxquelles ils se heurtent, comme la fermeture de nombreuses discothèques, le succès de l'orchestre est immédiat.</p> <p>Van Van amène une véritable révolution de la formation orchestrale en intégrant des instruments électroniques en vogue dans la pop, comme la guitare électrique, les synthétiseurs. Ils abandonnent la paila cubaine, instrument de percussion local, pour la remplacer par la batterie. Ce n'est pas tout : deux flûtes, un violoncelle et une section de trombones puissants sont de la partie.</p> <p>Le cocktail sonore que Van Van concocte recueille des éléments de l'éternel son cubain, de la rythmique afro-cubaine, de la musique caribéenne et brésilienne, du rock, du jazz, plus un travail vocal hors du commun. Tout cela placé dans les mains d'une quinzaine de musiciens dotés d'une qualité technique inouïe. Van Van vient moderniser la musique cubaine.</p> <p>Formell m'assure que Van Van n'a fait que « rénover le format de la Charanga typique, en incorporant des instruments nouveaux ».</p> <p>Je goûte le rhum, puis j'évoque le nom de l'orchestre et les débats qu'il a causés.</p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Chico, on a beaucoup spéculé sur le nom. On a inventé des choses qui n'arrêtent pas de me faire rire, à cause de l'imagination des gens, en particulier quand on affirme que le groupe s'appelle ainsi parce qu'il faisait partie d'une campagne gouvernementale.</p> <p>La seule chose certaine c'est qu'un jour les musiciens qui allaient former cet orchestre étaient réunis et nous cherchions un nom pour le groupe. Certains ont proposé de l'appeler Juan Formell, mais j'ai refusé, car si je m'en allais un jour ou si je disparaissais, le groupe devait continuer.</p> <p>Moi, je voulais que ça sonne comme tan tan ou tin tin. Et bon, on a dit : pourquoi pas Van Van ? Bien sûr, l'idée n'était pas gratuite, car l'expression était à la mode. A cette époque, on faisait la campagne pour la récolte de la canne à sucre de 1969-70, où l'on aspirait à produire dix millions de tonnes. Donc, à la télévision et à la radio, on répétait quotidiennement : « Les dix millions, on les atteindra (Los diez millones de que van, van) ». Mais le nom de l'orchestre n'avait rien à voir avec la campagne en termes politiques. Cela me fait rire quand je lis ou j'entends que c'est Fidel qui a ordonné de créer l'orchestre pour soutenir la récolte de la canne à sucre. Quelle imagination ! Fidel ne s'est jamais mêlé de musique, il est plus proche du sport. Si nous avions été en train de préparer une équipe de base-ball, peut-être aurait-il fait une suggestion.</p> <p>Aujourd'hui presque personne ne se rappelle de cette récolte de canne à sucre et Van Van est toujours au centre de la musique populaire de danse. Et si l'orchestre est toujours là, c'est grâce aux excellents artistes qui l'ont accompagné tout au long de sa trajectoire, comme le percussionniste José Luis « Changuito » Quintana, qui pour moi est l'un des musiciens les plus géniaux de Cuba, le chanteur Pedrito Calvo, le pianiste Cesar « Puppy » Pedroso, le chanteur et saxophoniste Angel Bonne, le chanteur Mario « Mayito » Rivera, et bon, beaucoup d'autres qui ont contribué au succès de Van Van.</p> <p><strong>- Juan, Van Van a repris des éléments du jazz, du rock et de la pop, mais si je ne me trompe pas, durant plusieurs années il y a eu un certain rejet « officiel » de ces musiques pour leur « parfum impérialiste ».</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Ecoute, les Beatles, la pop, c'est un phénomène mondial qui s'est imposé partout. La Révolution venait de triompher et d'une certaine manière on a commencé à faire un tabou de ces musiques, et à dire des choses erronées à leur propos, au point de les interdire un peu à la radio. Un peu. Ca oui, je dois dire qu'on ne les a jamais interdites officiellement, il n'y a pas eu d'ordre explicite. On a dit aux radios : « Essayez de diffuser plus de musique cubaine ». Bien sûr, je dois dire que la musique diffusée n'était pas vraiment celle qui se dansait. Tel était le contexte quand je suis entré dans l'orchestre de Elio Revé.</p> <p>Chico, malgré cette espèce de rejet qui existait à l'encontre de ces musiques, nous n'avions pas trop le choix, on ne savait pas à quoi s'accrocher : il y avait un vide sonore, parce qu'il n'y avait rien de nouveau dans la musique populaire cubaine, alors que les gens voulaient un son nouveau. Juan Formell parle de manière paisible, mais même ainsi il n'oublie pas l'habitude cubaine de gesticuler les mains.</p> <p>Je le félicite pour le Grammy récolté en 2000, un prix que les Van Van méritaient depuis de nombreuses années. « On ne nous a même pas laissés aller recevoir le prix, car le gouvernement américain nous a refusé le visa ! », me dit l'artiste, indigné. Pour la première fois, ses mots sont vifs et il ajoute : « Mais ce n'est pas tout, chico : actuellement, ils ont un nouveau prétexte pour ne pas accorder les visas, car ils ont désigné Cuba comme un pays « terroriste ». Tu imagines ! Ces messieurs d'en face sont fous ! ».</p> <p>Formell a raison. En 2003, les Van Van sont de nouveau nominés aux Grammy : le visa pour assister à la cérémonie leur est refusé. Non seulement à eux, mais aussi à d'autres artistes quel que soit leur âge et le genre de musique qu'ils interprètent. Et le comble, c'est que même des juges désignés par l'Académie, comme l'artiste José Luis Rojas « Rojitas », se voient refuser le visa.</p> <p>Je lui fais remarquer que le fait d'avoir obtenu le prix Grammy a au moins dû permettre que les ventes aux Etats-Unis et dans d'autres pays soient satisfaisantes. Mais il poursuit sur le même ton irrité.</p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Au contraire. L'impresario avec lequel nous avions signé un contrat pour le CD qui a gagné le prix, « Llegó Van Van », ne l'a distribué nulle part. On ne nous a pas dit ce qui s'est passé et nous avons même un procès en cours. Mais il nous a bien eus, car il n'a tenu aucun de ses engagements.. Si ce travail avait été distribué convenablement, on aurait pu montrer à un public plus vaste la richesse musicale accumulée durant toutes ces années à Cuba.</p> <p>Bon, maintenant, nous sommes en train d'essayer la distribution avec Universal pour un CD en live. On a signé avec cette boîte, bien qu'elle soit américaine, mais à travers la section européenne. On va bien voir ce que ça va donner.</p> <p>Ces pratiques sont une attaque contre la culture cubaine, contre le travail que nous sommes en train de réaliser, nous les artistes qui avons grandi et mûri avec la Révolution.</p> <p><strong>- Juan, il est vrai que plusieurs orchestres cubains ont vécu cette expérience. Mais, tu ne crois pas que si les entreprises cubaines du disque avaient de l'expérience dans la promotion et la distribution de la musique à l'étranger, cela vous aiderait ?</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Chico, je ne crois pas que cela soit le seul motif pour lequel la musique cubaine ne perce pas sur le marché international comme elle le mérite. L'aspect politique joue un rôle déterminant. C'est clair et limpide : le simple fait d'être des Cubains qui vivons à Cuba nous empêche de participer au marché.</p> <p>Ces marchés sont contrôlés par les entreprises nord-américaines. Ce sont elles qui décident quelle musique on écoute dans le monde. Je sais que d'autres bons artistes, non cubains, ont les mêmes difficultés que nous face au monopole, mais avec nous on abuse vraiment.</p> <p>Nous sommes face à une muraille énorme, car la promotion et la distribution coûtent très cher. Il faudrait des millions de dollars même pour faire quelque chose de modeste. Tu n'imagines pas ce qu'il faut payer aux gens de la radio et de la télévision pour qu'ils placent une chanson au « Hit-parade ». La qualité importe très peu. Et même quand il y a de la qualité, il faut mettre de l'argent sur la table des programmateurs.</p> <p>Les grandes transnationales, celles qui possèdent l'argent, ne font pas d'affaires avec nous, et quand elles osent, elles le font parcimonieusement. Cela doit être à cause du blocus, car dans une de ces lois, il est stipulé qu'un impresario étasunien ne peut rien faire produire de cubain qui ait rapport avec l'informatique, et cela va jusqu'à la distribution de cassettes.</p> <p><strong>- Je pense à une autre raison…</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Excuse-moi de te couper la parole, mais ce n'est pas simplement une question politique. D'un point de vue idéologique si tu veux, ce qui dérange c'est ce qui se produit depuis 1959, depuis qu'il y a la Révolution. Tu as la preuve avec Buena Vista Social Club : cette musique a été produite avant cette date, et elle a eu une promotion et un impact mondial.</p> <p>Et nous, nous sommes tombés là, dans cette « erreur » d'être né ici, d'avoir créé et construit ici, et de continuer à vivre dans notre pays, sur cette île « communiste », « castriste », ou comme on veut bien l'appeler. Pour tout cela, nous sommes punis par le « véto ».</p> <p>Chico, quand tu es un bon musicien cubain qui commence à émerger sur la scène internationale, deux chemins t'attendent : le premier, tu te laisses acheter et tu quittes ton pays ; ou le second, tu décides de vivre avec ton peuple, en sachant que tu resteras à mi-chemin de la popularité internationale.</p> <p>Même si ici, nous, les Cubains, sommes habitués à ce genre de choses, ça n'en est pas moins insultant.</p> <p><strong>- Juan, maintenant que tu évoques le sujet, je veux te poser une question un peu plus personnelle, t'a-t-on déjà proposé de quitter définitivement Cuba ?</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Chico, on me l'a proposé directement trois fois. Une fois, cela venait de propriétaires d'un réseau de radios aux Etats-Unis dominé par des Cubains. Ils me proposaient de demander l'asile dans ce pays, et de signer un contrat d'exclusivité de diffusion de Van Van, et ils m'offraient un bon paquet de dollars. Au Pérou et en Espagne, les deux autres propositions provenaient de deux transnationales.</p> <p><strong>- Je suppose que les offres ont été très tentantes, non ?</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Oui, effectivement. En plus de l'argent, on te promet des possibilités techniques et de diffusion immenses. On te dit que tu vas avoir plusieurs voitures et une villa avec piscine…</p> <p>Dans les trois cas, j'ai répondu que cela ne m'intéressait pas de quitter Cuba. Je me sens très bien ici, avec mon peuple qui m'aime beaucoup.</p> <p>Tout cela est très tentant, mais il y a une contrepartie qui ne m'a jamais plu. C'est-à-dire, qu'en plus de quitter Cuba, ce qui est déjà beaucoup, j'ai vu que ceux qui étaient partis restent ancrés dans l'époque où ils ont émigré. La perte de contact avec leur public naturel les empêche d'évoluer. C'est comme si le temps s'arrêtait pour eux. Même ceux qui vont à Miami, où ils ont un public de Cubains, n'ont pas de référence, d'inspiration, car, comme ils se convertissent en immigrants, ils ont tendance à plonger dans la nostalgie. Ecoute, je t'assure que quand on te fait sentir la pression, la tentation, tu prends conscience que tant que tu vivras ici, tu n'auras jamais ta place sur le grand marché.</p> <p>Mais, il y en a beaucoup comme moi qui démontrent que les paillettes et tout l'argent qu'ils nous font miroiter à l'étranger ne font pas tout. Par exemple, nous avons un excellent batteur à qui Ricky Martin en personne a proposé de rester à l'étranger. Il a choisi son île et Van Van. Pour lui, la vie qu'il mène à Cuba lui suffit. Il adore vivre à Cuba.</p> <p><span class='spip_document_414 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L500xH340/juan-formell-2-0755f.jpg' width='500' height='340' alt="" style='height:340px;width:500px;' /></span> (<i>Formell intervient durant le VIIIème Congrès de l'Union des Ecrivains et Artistes de Cuba, UNEAC, avril 2014</i>)</p> <p><strong>- J'ai entendu dire - et certains de tes propos m'y ont fait penser - que tu n'étais pas d'accord avec l'attitude du gouvernement cubain à l'égard des artistes qui s'en vont définitivement. C'est vrai ?</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Ici il y avait une loi migratoire qui interdisait le retour à tous ceux qui restaient à l'étranger, qui s'y installaient définitivement. Heureusement, on a résolu ce problème.</p> <p>Je crois que cette loi était une erreur. Le travail réalisé par un musicien qui continue à respecter nos valeurs, qui ne se prête pas à attaquer notre patrie, même s'il vit en dehors de Cuba, est un travail que l'on doit connaître et diffuser.</p> <p>Car, écoute, je ne vois vraiment pas quel musicien est resté à l'extérieur pour cause de persécution politique, comme certains l'ont dit. Je suis sûr que tous sont restés pour des raisons économiques. Il y en a qui sont partis pour des raisons économiques et qui ont servi la contre-révolution en attaquant Cuba, ça c'est autre chose.</p> <p>Le seul fait de rester définitivement à l'étranger est une punition pour eux ; ils perdent énormément. Je te répète ce que je viens de dire : un artiste cubain a besoin du contact avec les Cubains d'ici, avec le milieu, avec le vécu. Le musicien qui part perd tout ce dont nous parlions au début de l'interview, c'est à dire l'essence de sa création. Tu as besoin de cette femme qui passe chaque matin en criant : « Allez, écoute, attrape le biscuit, le biscuit facile ! ». Peut-être que ça ne te dit rien mais à nous les Cubains, ça nous parle beaucoup.</p> <p>Tu ne vas pas entendre ça à Miami, encore moins à New York ou Paris. J'aime la façon dont les gens inventent des expressions, la manière d'être de la femme cubaine, cette saveur que les gens donnent à la vie malgré les difficultés que nous avons en ce moment. Tu ne trouveras pas cela à l'étranger.</p> <p>Et plus encore : je crois que quand le public étranger apprend que tu es un musicien qui a quitté Cuba, il ne te voit plus de la même façon, tu es beaucoup moins attrayant. Je ne veux pas dire par là que certains de ceux qui sont restés à l'étranger n'ont pas continué à faire de bonnes choses. Mais ce n'est pas la majorité. C'est quelque chose de très sporadique. Tout cela est très triste.</p> <p><strong>- Juan, passons à un autre sujet. Lors de sa création, l'orchestre Van Van a surpris avec le rythme songo qui, malheureusement et à cause du blocus, n'a pas été connu, même sur le continent américain. Selon les commentaires de personnes bien informées, le songo peut être considéré comme l'une des premières références de la timba, ce rythme adopté à Cuba dans les années 90. C'est pourquoi j'aimerais connaître ta version sur ce qu'est la timba.</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Chico, la timba est un phénomène, un mouvement, qui est sorti des Ecoles d'Art. Et c'est contradictoire, car dans les Ecoles d'Art il y avait un frein ; on interdisait sans interdire, sans le mettre par écrit, d'interpréter de la musique populaire de danse. On pensait, de manière très erronée, que l'on pouvait seulement y apprendre les grands classiques.</p> <p>Donc les jeunes ont commencé à se réunir presque en cachette, faisant courir le bruit que dans tel maison ils allaient « mettre une timba », qu'il « allait y avoir une timba ». On a commencé à appeler ainsi la musique qu'ils jouaient. C'était un mélange initial de jazz, d' Irakere, et de Van Van. Maintenant, timba est un terme difficile à expliquer théoriquement. Pour moi, synthétiquement, la timba est comme un son « hard » ; c'est une sonorité agressive, très dure, des instruments, où les textes importent peu. Cela s'appelle la timba comme le tango s'appelle tango ou le son s'appelle son. On ne pouvait pas l'appeler salsa, car ce n'était pas vraiment de la salsa, même si à l'étranger nombreux sont ceux qui ont commencé à dire que la timba était de la salsa cubaine.</p> <p>Comme c'est le cas du chachacha et d'autres grands genres musicaux cubains, la timba a été inventée par le danseur. A Cuba, le danseur est très exigeant, ce qui nous oblige à rénover constamment notre répertoire, car nous ne pouvons pas courir le risque de jouer et que le public reste immobile. Van Van n'avait pas de cuivres, et on a dû adapter des trombones aux violons, pour qu'ils sonnent plus fort. Le danseur l'exige, mais il ne faut pas non plus négliger le défi que t'imposent les autres groupes.</p> <p>Ce qui est particulier dans la danse de la timba, c'est que la femme se met à danser seule, quelque chose de peu habituel dans notre milieu. La femme, en dansant la timba, chope un mouvement de taille terrible, que l'on a appelé le « despelote » [la pagaille]. Je ne sais pas pourquoi elles doivent bouger à ce point les hanches, car elles donnent mal à la tête à n'importe qui. Elles mettent leur corps dans un état de transe et de suggestion terrible. Je ne sais pas si ça m'épate autant parce que je ne sais pas danser.</p> <p>C'est ça la timba, c'est le danseur, particulièrement la femme, qui exige beaucoup de puissance et d'agressivité de la musique. Le danseur l'exige, car il sent qu'il a besoin de cette force, de ce coup instrumental des cuivres, des trombones, et si tu ne le fais pas il ne dansera pas jusqu'à son départ. Il te demandera presque : pourquoi as-tu amené ton orchestre ?</p> <p><strong>- Juan, une dernière question. Que ressent Juan Formell quand il regarde en arrière et voit le chemin parcouru ?</strong></p> <p><img src="http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Mon gars, écoute, avant de te répondre, je dois te dire que j'ai déjà pas mal vécu, ce qui ne veut pas dire que je me sente vieux. Je crois qu'à mon âge tout le monde commence à chercher la tranquillité, et c'est vrai que les tournées me pèsent de plus en plus. Je ne chanterai pas à 70 ans. Ça va pas non ! Peut-être que d'ici cinq ans j'arrêterai les tournées. C'est mon calcul. Je ne compte pas me retirer non plus complètement, car je ne vais pas arrêter de composer ni de faire des arrangements. Tu ne peux pas laisser de côté ce qui t'a tenu compagnie pendant tant d'années, ce qui t'a fait autant que tu l'as fait. C'est impossible.</p> <p>Qu'est-ce que je ressens quand je regarde mon parcours et celui de Van Van ? Je suis toujours ému quand je vois des milliers de personnes chanter les chansons que j'ai composées dans mon coin, dans une petite salle, dans une chambre d'hôtel.</p> <p>Que crois-tu que j'ai pu ressentir quand j'ai joué pour la première fois à L'Olympia de Paris, ou dans d'autres « temples » de la musique, à New York, Los Angeles, Madrid ou Londres ? C'est que tu sens que tu fais partie de la musique universelle, qui, parce qu'elle est dansante, populaire, joyeuse, est plus… Je ne sais pas…. Je ne nie pas que souvent je me suis mis à pleurer en repensant aux grandes choses qu'on peut réaliser.</p> <p>C'est une émotion très grande, immense, tu sens que ton passage dans la vie a eu un sens. Tout le monde n'a pas cette chance. Ça ne veut pas dire qu'on est meilleur que les autres, non : c'est quelque chose que la vie t'as offert et dont tu as su profiter. C'est un privilège de pouvoir communiquer et d'être aimé par tant de gens. Que la lutte et la persévérance t'aient amené à faire partie de l'histoire de l'humanité.</p> <p>Cela te montre que la vie valait la peine d'être vécue.</p> <p><strong>*</strong> Cette interview est publiée dans le livre « Sur un air de Cuba », Le Temps des Cerises. Paris, septembre 2005.</p> <p><strong>Traduction :</strong> Karine Alvarez et Martial Leduc.</p></div> “Muchas veces me he puesto a llorar al darme cuenta de lo que uno puede lograr” http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article510 http://hcalvospina.free.fr/spip.php_article510 2014-05-02T06:59:57Z text/html es Hernando Calvo Ospina En enero 2005, el periodista y escritor Hernando Calvo Ospina entrevistó a Juan Formell, uno de los más grandes creadores de la música popular bailable cubana. Como ha sido su costumbre, Hernando preguntó de todo. Formell contestó con honestidad y detalles. No quedó tema por fuera, por más cosquilloso que pareciera. Aquí entregamos esta charla a nuestros lectores, la que sigue siendo bien vigente, y que por primera vez se publica en castellano.* (Juan Formell y H. Calvo Ospina, La Habana, enero (...) - <a href="http://hcalvospina.free.fr/spip.php_rubrique4.html" rel="directory">ENTREVISTAS</a> <div class='rss_texte'><p>En enero 2005, el periodista y escritor Hernando Calvo Ospina entrevistó a Juan Formell, uno de los más grandes creadores de la música popular bailable cubana. Como ha sido su costumbre, Hernando preguntó de todo. Formell contestó con honestidad y detalles. No quedó tema por fuera, por más cosquilloso que pareciera. Aquí entregamos esta charla a nuestros lectores, la que sigue siendo bien vigente, y que por primera vez se publica en castellano.<strong>*</strong></p> <p><span class='spip_document_408 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/IMG/jpg/007.jpg' width='500' height='366' alt="Juan Formell y H. Calvo Ospina, enero 2005." title="Juan Formell y H. Calvo Ospina, enero 2005." style='height:366px;width:500px;' /></span> (<i>Juan Formell y H. Calvo Ospina, La Habana, enero 2005</i>)</p> <p>“Tomando en consideración su larga y destacada trayectoria artística, los aportes realizados en el campo de la música, la constante lucha por la defensa de los valores culturales de nuestra nación y por su labor altamente creadora para el disfrute de nuestro pueblo, lo que ha contribuido al enriquecimiento de nuestra cultura nacional (…) Por su consagración al desarrollo de la música popular cubana, reflejando en ella los más genuinos sentimientos de nuestro pueblo, su optimismo y su vitalidad expresados con proverbial cubanía y elevados valores estéticos y artísticos; y por su lealtad al pueblo y a la Patria, sirviendo a ella con humildad y desinterés”.</p> <p>Así decía la resolución del Consejo de Estado de Cuba, firmada por el presidente Fidel Castro, concediéndole la distinción “Orden Félix Varela” de primer grado, al compositor, bajista y director de la agrupación Van Van, Juan Formell. La ceremonia de entrega se realizó el 10 de mayo del 2002, en el Memorial José Martí, de la Plaza de la Revolución.</p> <p>En esa ocasión, al momento de dirigirse a los asistentes, Formell afirmó que para él esa Orden tenía más significación que el Grammy, premio codiciado por los artistas de todo el mundo, y que había obtenido junto a Van Van dos años antes.</p> <p>El bajista, nacido el 2 de agosto de 1942, afirmó esa noche: "<i>El hecho de que me hayan conferido esta Orden es un reconocimiento a la música popular cubana. Es un hecho histórico porque esta música ha sido muy marginada por muchos durante bastante tiempo. Es un reconocimiento a los músicos que estamos aquí en Cuba y que hemos hecho nuestra obra a partir de las vivencias del país sin que nadie nos las cuente</i>”.</p> <p>Una reja alta no permite ver al interior de la casa de Formell, situada en un barrio habanero. Me parece que es lo único que la hace resaltar de las del vecindario. Estando ante ella, y conociendo el lujo y excentricismo que se imponen los artistas famosos fuera de Cuba, no puedo negar que me sorprendí. Es el hogar de un personaje que está catalogado como el más importante creador de música popular bailable del último cuarto de siglo en Cuba, y uno de los más brillantes del continente americano.</p> <p>En 1999, durante una gira por 26 ciudades estadounidenses, el diario <i>Los Angeles Times</i> dijo que Formell dirigía “una de las orquestas bailables de mayor influencia en la historia de la música afrocubana.” Mucho más lejos fue <i>The New York Times</i> en el reconocimiento al afirmar que Van Van era “los Rolling Stones de la salsa.”</p> <p>Me conducen hasta un gran salón. Aunque existe una mesa de billar, la sobriedad de la decoración es lo determinante. La amable dama me invita a sentarme en uno de los modestos sillones de cuero, al tiempo que me ofrece agua y jugo. Quedo solo por algunos minutos en aquel ambiente extremadamente calmo. Formell, el creador de unas 800 composiciones, llega sonriente, amable, nada hace pensar que es uno de los más populares artistas de Cuba.</p> <p>“<i>En Cuba el público quiere mucho a sus artistas. Pero es un concepto muy diferente al que se maneja con las “estrellas” en el exterior, pues nosotros debemos compartir con la gente en la calle casi que a diario. Y mira, eso para mí es bueno porque funciona como un termómetro que permite saber cómo le estás llegando a la gente.</p> <p>Uno comparte con la gente al comprar el pan, o cuando vas a un restaurante. También puede suceder que llegas a poner gasolina al auto, te encuentras con una tremenda fila, te reconocen y entonces te ofrecen de pasar adelante. En esos instantes la gente se te acerca, te piden un autógrafo, te hacen comentarios sobre tu trabajo, te expresan lo que les disgusta de tal tema, o de la coreografía que vieron en determinada actuación. Hasta te proponen letras para una canción. Todo eso sirve mucho.</p> <p>Y lo más importante: te dan unos abrazos de mucho cariño. Son cosas simples, sencillas, que me parecen muy bonitas, y de un nivel de comunicación especial.</p> <p>Yo siempre he tratado de no vivir aislado, aunque de cierta manera es necesario porque en este trabajo se necesita un poco de concentración para la creatividad, que es algo muy privado.</p> <p>Para mí es muy importante ese contacto con la gente porque te permite ser un cronista de la música popular bailable, algo que no inventé, pues ya lo habían hecho Ñico Saquito, Benny Moré y Miguel Matamoros, entre otros cubanos. Es una práctica en la música popular el contar hechos determinados, con las características de la época que lo vive cada quien.</p> <p>Uno puede inventar muchas situaciones, pero para que te salgan bien contadas debes haberlas vivido, gozado y hasta sufrido. El cubano siempre está inventando frases y palabras. A veces sale con cosas como: “Eso que anda”, “Por encima del nivel”, o “qué bolá”, que se entienden muy bien cuando se conoce la realidad cubana, pues pueden significar miles de cosas. Uno termina convirtiéndose en un cronista de la vida cotidiana al asumir la ironía, los refranes, la picardía, el doble sentido de tantas frases que se inventan. O sea, uno retoma el sabor del pueblo y les pone música.</p> <p>El acercamiento a todo este maravilloso mundo, empezó por mi propia casa. Nací en Cayo Hueso, un barrio humilde de La Habana. A pesar de su pobreza fui feliz en sus calles, pues sabes que ellas tienen un significado muy especial para nosotros, para nuestras vidas, en Cuba y en América Latina.</p> <p>Mi padre, del cual guardo bellos recuerdos, era una persona con muchas capacidades, conocimientos musicales y gran talento. Él fue director de varias bandas musicales, de orquestas de teatro, además te componía música popular o clásica. Me encantaba hacerme cerca de él para verlo trabajar.</p> <p>Aunque él sabía de mi atracción por la música, no quería que ni yo ni mi hermano fuéramos músicos; prefería que yo estudiara medicina, aunque eso era bastante difícil de lograr en esa época anterior a la Revolución. Mi padre tenía razón en querer alejarme de la música, pues los músicos pasaban muchas necesidades debido a la inestabilidad del trabajo.</p> <p>Yo le insistía a mi padre para que me enseñara, hasta que por una situación muy particular tuvo que aceptarlo. Normalmente, en Cuba, los niños empiezan a estudiar música como a los siete años, mientras que yo lo hice a los catorce. Es que el país vivía una situación política muy tensa, pues ya el movimiento revolucionario encabezado por Fidel influía en todo.</p> <p>Ante eso, mi padre no quiso que volviéramos al instituto donde estudiábamos porque el trayecto que debíamos hacer a pie era muy largo, y a él le preocupaba que la policía nos hiciera daño. Entonces no tuvo alternativa que convertirse en mi profesor de música, sugiriéndome de aprender a tocar el contrabajo, pues decía que ese instrumento me iba a permitir trabajar con más regularidad. Bueno, no se equivocó. Desde ese día hasta la fecha empecé a estudiarlo con mucha pasión, siempre como un autodidacta.</p> <p>Mi debut fue en la Banda de Música de la Policía Nacional Revolucionaria, o sea, después del triunfo de la Revolución. En el mismo 1959, a mis 17 años. Antes de eso hacía parte de grupitos que iban de bar en bar tocando y recogiendo monedas. Pocos años después, como también había aprendido a tocar la guitarra, pude acompañar con uno u otro instrumento a grandes artistas como Elena Burke y Omara Portuondo. Hice parte de las orquestas de Rubalcaba y Peruchín.</p> <p>En 1967 dejé de tocar el contrabajo en la orquesta que acompañaba el espectáculo del hotel Habana Libre, y me voy para la agrupación de Elio Revé. Yo no tenía la intención de quedarme ahí por muchos meses, pero el tiempo fue pasando, empecé a meterme con los arreglos, a proponer cosas nuevas, inquietudes que tenía, hasta que tropecé con Elio que no estaba dispuesto a que le cambiara todo el sonido a su agrupación. Para esa época yo estaba influenciado por el rock, Elvis Presley y por los Beatles, pero también por nuestros cubanos Benny Moré, Félix Chapottín y la Orquesta Aragón. Con Elio yo estaba limitado en mis aspiraciones.</p> <p>Bueno, para no hacer la historia más larga, dejé a Revé, y el 4 de diciembre de 1969 se estrenó Van Van, grabando al año siguiente el primer larga duración.”</i></p> <p><span class='spip_document_409 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L500xH323/Juan-Formell-615x397-d2185.jpg' width='500' height='323' alt="" style='height:323px;width:500px;' /></span></p> <p>Juan Formell y el percusionista José Luis Quintana “Changuito” fueron los principales artífices en la creación de Van Van. A pesar de haberse encontrado con las limitaciones impuestas por las equivocadas decisiones de algunos funcionarios cubanos, como el cierre de muchos locales para bailar, el éxito de la orquesta fue inmediato.</p> <p>Van Van realizó toda una revolución en la formación orquestal al integrar instrumentos como la guitarra eléctrica y sintetizadores; además dejó a un lado la paila cubana y se añadió la batería, tres herramientas en boga dentro del pop. No fue todo: incluyó dos flautas, violoncelo y sección de trombones sonados con mucha fuerza.</p> <p>El ajiaco que se cocinó sonoramente recogió elementos del eterno son, de la rítmica afrocubana, sonidos caribeños y brasileños, del rock, del jazz, más un trabajo vocal fuera de lo común. Todo ello en manos de una quincena de músicos provistos de una calidad técnica descollante. Van Van llegó para modernizar la música cubana.</p> <p>“<i>Se ha especulado mucho sobre el nombre de la orquesta. Se han inventado unas cosas que no dejan de producirme risa por la imaginación de la gente, en particular cuando se afirma que se llama así por haber sido parte de una campaña gubernamental.</p> <p>Lo único cierto es que un día estábamos reunidos los músicos que íbamos a conformarla, y todos proponíamos cómo llamarla. Yo quería algo que sonara como tantán, o tintín. Y bueno, dijimos: ¿Por qué no Van Van? Claro, la idea no era gratuita, pues la palabra estaba de moda. Es que en esos momentos se estaba en la campaña de la zafra azucarera de 1969-1970, donde se aspiraba a producir diez millones de tonelas métricas. Entonces por la radio y la televisión se repetía a diario: “Los diez millones de que van, van”; "esto tiene que ir ... que esto va ... que van, van". Pero el nombre de la orquesta nada tuvo que ver con la campaña en términos políticos.</p> <p>Me da risa cuando leo o escucho que fue Fidel quien mandó a hacer la orquesta para apoyar la zafra. Pura imaginación. Fidel nunca se ha metido en cosas de la música, él es más cercano al deporte. Si hubiéramos estado preparando un equipo de béisbol quizás hubiera dado alguna idea.</p> <p>Hoy casi nadie se acuerda de aquella zafra, y Van Van sigue en el centro de la música popular. Y está ahí porque ha contado durante su trayectoria con excelentes artistas, como el percusionista José Luis “Changuito” Quintana, que para mí es uno de los músicos más geniales que tiene Cuba, el cantante Pedrito Calvo, el pianista Cesar “Puppy” Pedroso, el cantante y saxofonista Ángel Bonne, el cantante Mario “Mayito” Rivera, y bueno, tantos otros que han contribuido a que Van Van haya llegado a donde está</i>.”</p> <p>Le digo a Formell que Van Van retomó elementos del jazz, del rock y del pop, pero que durante unos años existió cierto rechazo “oficial” a esas músicas por su “olor a imperialismo”.</p> <p>“<i>Aquello de los Beatles, del pop, fue un fenómeno mundial que se impuso por todos lados. La Revolución llevaba pocos años de haber triunfado, y en cierta medida empezaron a hacer un tabú de esas músicas, y a decir cosas erróneas de ellas, llegando a prohibirlas un poco en la radio. Un poco.</p> <p>Eso sí, debo decir que nunca la prohibieron oficialmente, no fue una orden explícita. Se dijo a las radios: ‘traten de poner más música cubana'. Claro, debo decir que la música que se empezó a poner no era tanto la bailable. Se vivía esa situación cuando ingresé a la orquesta de Elio Revé. A pesar de esa especie de rechazo que existía hacia esas músicas, no teníamos muchas alternativas, no había mucho de donde agarrar: Había un vacío sonoro, porque no había nada nuevo en la música popular cubana, que era el deseo de la gente</i>.”</p> <p>Juan Formell habla de manera sosegada, y aún así no deja la costumbre del cubano de gesticular con las manos. Lo felicito por el Grammy ganado en el 2000, premio que se merecía Van Van muchos años antes. “¡<i>Y que no nos dejaron ir a recibir pues el gobierno americano nos negó la visa</i>!”, me dice el artista, mostrando en el rostro la indignación sentida. Por primera vez sus palabras suenan secas al puntualizar: “<i>Pero no es todo, chico, en estos momentos tienen un nuevo pretexto para negarla a todos nosotros, al haber designado a Cuba como país “terrorista”. ¿¡Te imaginas!?¡Están locos esos señores de enfrente</i>!”</p> <p>Formell tenía razón en esos momentos: en el 2003 Van Van fue nuevamente nominada al Grammy: la visa les fue negada a sus integrantes para asistir a la ceremonia. No sólo a ellos, también a otros artistas cubanos sin importar la edad y el tipo de música que interpretaran. Y el colmo: hasta jueces designados por la Academia como el artista José Luis Rojas “Rojitas”.</p> <p>Le digo a Formell que por haber obtenido el Grammy, las ventas en Estados Unidos y otros países debieron de haber sido satisfactorias. Y esta referencia hizo que, aunque muy moderado, continuara en el mismo tono de coraje.</p> <p>“<i>Todo lo contrario. La experiencia que tuvimos con el empresario que se iba a encargar de distribuir el CD “Llegó Van Van”, el cual había ganado el premio, es que no hizo nada. Nos jodieron porque incumplieron todo. Si se hubiera distribuido ese trabajo, se podría haber mostrado a un público más vasto la riqueza musical cubana acumulada en todos estos años.</p> <p>Estas cosas son un ataque a la cultura cubana, al trabajo que estamos realizando los artistas que hemos crecido y desarrollado con la Revolución. Porque el aspecto político juega un papel determinante para no llegar al mercado, como la música cubana lo merece por su calidad. Es simple y claro: por el sólo hecho de ser cubanos, que vivimos en Cuba, no nos dejan participar.</p> <p>Esos mercados los tienen manejados empresas norteamericanas, siendo ellas quienes deciden qué música se escucha en el mundo. Yo sé que eso sucede también con buenos artistas de otros países, pero con nosotros es exagerado.</p> <p>Estamos ante una muralla muy enorme, porque la promoción y distribución son bien costosas para lo cual se necesitan millones de dólares hasta para hacer algo pequeño. Tú no te imaginas todo lo que se mueve atrás del mundo de la promoción; todo lo que se le debe pagar a la gente de la radio y la televisión para que ubiquen un tema en el “hit-parade”.</p> <p>La calidad vale muy poco. Cuando existe calidad también se les debe poner dinero sobre la mesa a los programadores.</p> <p>Las grandes transnacionales, las que tienen el dinero, no hacen negocios con nosotros, y cuando se atreven es a poquitos. Debe ser por el tal bloqueo, pues en una de esas leyes dice que un empresario estadounidense no puede mandar a producir nada cubano que tenga que ver con informática, y ahí han metido hasta la distribución de una casete.</p> <p>Mirándolo de una manera, si quieres, ideológica, lo que se produce desde 1959 para acá, desde que está la Revolución, es lo que les molesta. La prueba la tienes con Buena Vista Social Club: esa música se produjo antes de esa fecha, y tuvo una promoción de impacto mundial.</p> <p>Y nosotros caímos ahí, en ese “error” de haber nacido aquí, creado y construido aquí, y por seguir viviendo en nuestro país, en esta Isla “comunista”, “castrista”, o como la quieran llamar. Eso nos da el “castigo” del veto.</p> <p>Cuando tú eres un buen músico cubano que empieza a despuntar a nivel internacional, te esperan dos caminos: uno, que te dejes comprar y te vayas de tu país; o dos, que decidas vivir en medio de tu gente, sabiendo que te quedarás a medio camino de la popularidad internacional,</p> <p>Aunque los cubanos ya estamos acostumbrados a este tipo de cosas, no dejan de insultarnos.</p> <p>A mí me han propuesto directamente como tres veces que deje a Cuba. Una vez eso vino de los propietarios de una red de radios en Estados Unidos, dominada por cubanos. La propuesta era que yo me asilaba en ese país, firmaba un contrato de exclusividad de Van Van para su difusión, y ellos me daban una buena cantidad de dólares. En Perú y España me hicieron las otras dos, las cuales vinieron de dos transnacionales. Las ofertas son muy tentadoras, pues además del dinero, te prometen unas posibilidades técnicas y de mercado inmensas. Te dicen que vas a tener varios carros y una mansión con piscina.</p> <p>En los tres casos respondí que no me interesaba dejar Cuba. Es que yo me siento muy bien aquí, con mi gente que me quiere mucho.</p> <p>Todo eso es muy tentador, pero tiene una contrapartida que para nada me ha gustado. O sea, además de dejar Cuba, que ya es bastante, he visto que aquellos que se han ido se quedan anclados en la época que partieron. La pérdida de contacto con su público natural les impide evolucionar. Es como si se les detuviera el tiempo. Ni siquiera los que se van para Miami, donde tienen un público de cubanos, les sirve de referencia, de inspiración, porque, como se convierten en inmigrantes entonces tienden a la nostalgia.</p> <p>Mira, te aseguro que cuando a uno le hacen sentir la presión, la tentación, es al constatar que mientras vivas aquí no te dejarán entrar al gran mercado.</p> <p>Pero bueno, existimos muchísimos que demostramos que las brillantes luces propuestas afuera, repletas de dinero, no lo son todo.</p> <p>Además, en Cuba las cosas han cambiado mucho. Aquí existía una ley migratoria que le prohibía el regreso a todo aquel que decidiera radicar definitivamente en el exterior. De suerte eso se resolvió. Yo creo que esas cosas han sido un error. El trabajo realizado por un músico que sigue respetando nuestros valores, que no se presta para atacar a nuestra nación, así esté viviendo fuera de Cuba, es un trabajo que debemos conocer y difundir.</p> <p>Porque, mira, yo tendría que pensar muchísimo para encontrar si algún músico se ha quedado en el exterior por persecución política, como han dicho algunos. Estoy seguro que todos se han quedado por motivos económicos.</p> <p>Con el sólo hecho de haberse quedado definitivamente en el exterior ya se están castigado ellos mismos, pues han perdido muchísimo. Te repito: El artista cubano necesita el contacto con los cubanos de aquí, con el medio, con las vivencias. Ese músico pierde esas cosas de las que hablábamos al comienzo de la entrevista, y que son la esencia de su creación. Te hace falta esa mujer que pasa por las mañanas gritando: “¡Vaya, oye, coge la galleta, la galleta fácil!”. Quizás a ti no te diga nada, pero a los cubanos nos dice muchísimas cosas.</p> <p>Eso no lo vas a escuchar en Miami, menos en Nueva York o París. Yo disfruto con la forma en que la gente inventa expresiones; con la manera de ser de la mujer cubana; con esa sabrosura que le pone la gente a la vida a pesar de las dificultades que tenemos en estos momentos. Eso no lo encontrarás afuera.</p> <p>Y más: Creo que cuando el público de afuera sabe que eres un músico que dejó a Cuba, ya no te ve igual, pierdes bastante atractivo. No quiero decirte con esto que algunos de los que se han quedado no hayan seguido haciendo cosas buenas. Pero han sido bastante pocos. Algo muy esporádico. Todo eso es muy triste.</i>”</p> <p><span class='spip_document_411 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:500px;' > <img src='http://hcalvospina.free.fr/local/cache-vignettes/L500xH340/juan-formell-f2d6f.jpg' width='500' height='340' alt="" style='height:340px;width:500px;' /></span> (<i>Formell interviene durante el VIII Congreso de la Unión de Escritores y Artistas de Cuba, UNEAC, abril 2014</i>)</p> <p>Recién creada la orquesta Van Van sorprendió con el ritmo Songo, que, desgraciadamente y debido al bloqueo, no fue conocido ni en el resto de continente americano. El Songo puede tomarse como una de las primeras referencias de lo que es hoy el ritmo que se tomó a Cuba en los años noventa, la timba. Por ello, y aunque ya lo he preguntado a otros artistas cubanos, quiero saber la versión de Formell sobre lo que es la timba.</p> <p>“<i>La timba es un fenómeno, un movimiento, que fue saliendo de las Escuelas de Arte. Y eso es contradictorio, porque en las Escuelas existía un rechazo, se prohibía sin prohibir, sin ponerse por escrito, interpretar la música popular bailable. Se pensaba, de manera bastante errónea, que ahí sólo se podía aprender a interpretar a los grandes clásicos.</p> <p>Entonces los muchachos empezaron a reunirse casi que a escondidas, haciendo correr la voz de que en tal casa iban a “meter una timba”, que “iba a ver una timba”. Así se empezó a llamar eso que sonaban, que era una mezcla inicial de jazz, de Irakere, y Van Van.</p> <p>Ahora, timba es un término algo difícil a explicar teóricamente. Para mí, en síntesis, la timba es como un son “hard”; es un sonido agresivo, muy duro, con un golpe muy fuerte de los instrumentos, donde los textos casi no importan. Se llama timba como el tango se llama tango, o el son se llama son. No podíamos llamarle salsa porque no era exactamente salsa, aunque muchos en el exterior empezaron a decir que la timba era la salsa cubana.</p> <p>Como sucedió con el chachachá y los otros tantos géneros musicales cubanos, la timba fue generada por el bailador. En Cuba el bailador es muy exigente, lo que nos lleva a renovar constantemente el repertorio, pues no podemos correr el riesgo que toquemos y el público se quede inmóvil. Van Van no tenía metales, y a los violines hubo que acomodarle trombones para que sonara más fuerte. El bailador lo exige, aunque no se puede descuidar el desafío que también te imponen las otras agrupaciones.</p> <p>Lo particular en el baile de la timba es que la mujer se lanza a bailar solita, algo que ha sido poco común en nuestro medio. La mujer, al bailar la timba, agarra un movimiento de cintura terrible, que le han llamado el “despelote”. No se por qué tienen que mover tanto esas caderas, pues le ponen mal la cabeza a cualquiera. Ponen su cuerpo en unas capacidades expresivas, de juerga, de alborote, tremendas. No sé si es que me sorprende tanto ello porque no sé bailar, pues no tengo expresión corporal.</p> <p>Eso es la timba, donde el bailador, en especial la mujer, fue exigiendo mucha fuerza y agresividad musical. El bailador lo exige pues siente que necesita esa fuerza, ese golpe instrumental de los metales, de los trombones, y si no lo haces se te queda sin bailar hasta que se te va. Casi que te pregunta: ¿A qué trajiste la orquesta?</i>”</p> <p>Veo el reloj y me doy cuenta que hemos pasado una buena cantidad de tiempo en esta agradable charla. Entonces decido preguntarle sobre lo que siente cuando mira para atrás y ve su trayectoria.</p> <p>“<i>Antes de contestar, quiero decir que yo ya tengo una buena cantidad de años, lo que no quiere decir que me sienta viejo. Creo que todos a mi edad empiezan a buscar la tranquilidad, y en verdad que las giras me resultan cada vez más pesadas. Yo no voy a estar cantando a los setenta años, ¡qué va! Quizás de aquí a cinco años deje las giras. Es mi cálculo. Tampoco pienso retirarme, pues no voy a dejar de componer ni de hacer arreglos. No se puede dejar a un lado lo que te ha acompañado durante tantos años, y que ambos nos hemos hecho el uno al otro. Eso es imposible.</p> <p>¿Qué siento al mirar mi trayectoria y la de Van Van? Chico, lo que todavía me sigue pasando es aquella emoción de ver a miles de personas cantando los temas que compuse en un reducido espacio, en una salita, en un cuarto de hotel.</p> <p>¿Qué crees que pude sentir cuando toqué la primera vez en el Olimpia de París? ¿O en otros “templos” de la música en Nueva York, Los Angeles, Madrid o Londres? Es que tú te sientes parte de la música universal, y que por ser de baile, popular, de alegría, del pueblo, es más… No sé… No te niego que muchas veces me he puesto a llorar al darme cuenta de lo que uno puede lograr.</p> <p>Esa es una emoción muy grande, inmensa. Vas sintiendo que tu paso por la vida sirvió de algo, que valió la pena haber vivido. Todo el mundo no tiene esa suerte. Eso no quiere decir que uno sea mejor que los otros, no: Es algo que la vida te puso y supiste aprovechar. Es un privilegio el que te puedas comunicar y ser querido por tanta gente. Que la lucha y la perseverancia te hayan llevado a formar parte de una historia de la humanidad.</p> <p>Eso te dice que valió la pena haber vivido."</i></p> <p><strong>*</strong> Esta entrevista fue publicada en el libro "Sur un air de Cuba". Editorial Le Temps des Cerises. Paris, septiembre 2005.</p></div>