Par Jérôme Canard, Le Canard Enchaîné*
Colombien, arrivé en France en 1986 et journaliste au « Monde diplomatique », Hernando Calvo Ospina, 52 ans, ne mérite pas la nationalité française. C’est ce qu’estime en tout cas le ministère de l’Intérieur, qui vient de le lui faire savoir. Dans un document récemment remis à l’intéressé, le ministère expose trois griefs accablants.
Un, Hernando « entretient des relations avec la représentation diplomatique cubaine à Paris ». Suspect, en effet, de la part d’un journaliste… du « Monde diplomatique » !
Deux, le confrère « a écrit dans un quotidien cubain que ‘’la diplomatie française jou[ait] avec le feu ‘’. » Critique insupportable. Mieux, il « souhaite, en tant que citoyen français, pouvoir garder sa liberté de parole, ces éléments conduisant à douter de son loyalisme envers notre pays ». Un journaliste « libre de parole », c’est limite…
Troisième raison : Hernando entretient « des relations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie ». Un flirt avec des terroristes preneurs d’otages, voilà qui est plus grave ! Sauf que, dans son précédent mémoire, le ministère reconnaissait que c’était « à l’occasion de ses activités de journaliste ». Mais ce détail anodin a été gentiment caviardé…
Hernando est si peu suspect de complicité avec ces rebelles que, dès son arrivée, il avait obtenu le statut de réfugié. A rebours des accusations de sympathie pour la guérilla, qui lui avaient valu (comme à des milliers de Sud-Américains) d’être arrêté, torture puis relâché, faute de la moindre preuve. Après un premier refus « administratif » de naturalisation, ce second rejet a fait l’objet d’un recours, déposé en octobre devant le tribunal administratif.
Vingt-sept ans de présence, deux refus en dix-sept ans, et il persiste ? N’est-ce-pas la preuve que cet étranger subversif veut noyauter les structures de notre beau pays ?
* Paris, le 20 / 11 / 2013