HERNANDO CALVO OSPINA
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Colombie

Dictature masquée

dimanche 30 août 2009, par Hernando Calvo Ospina

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A Washington, ceux qui ont organisé le coup d’état contre le président Zelaya ont pris la « précaution » de placer un civil à la tête de la dictature. Peu nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, traitent Micheletti de dictateur. Il semble que seuls les militaires peuvent se prévaloir de ce titre. Alvaro Uribe Vélez

A cause de leurs méthodes, on traite les dictateurs militaires de gorilles, d’assassins, de génocidaires. Excepté s’il ne plaît pas aux Etats-Unis, aucun civil dictateur n’a jamais été traité ainsi, même s’il agit de la même manière, ou pire. C’est ce qui se passe en Colombie.

Dans ce pays, des élections ont lieu périodiquement, mais depuis plus de quarante ans, les différents présidents ont imposé des « états d’exception », qui rognent les libertés civiles comme le font peu de dictatures dans le monde.

La situation en Colombie est encore pire, car c’est d’un Etat terroriste qu’il s’agit. Pour le comprendre, il est nécessaire de faire une comparaison, aussi odieuse soit-elle.

Au total, les dictatures d’Argentine, du Brésil, d’Uruguay, de Bolivie et du Chili ont été responsables d’environ 15.000 assassinats et disparitions.

Et bien que cela soit difficile à croire… depuis 1986, les forces répressives de l’Etat colombien et ses armées narco-paramilitaires ont fait du crime, de la torture et des disparitions forcées leur pain quotidien. Les organisations sociales non favorables au gouvernement et l’opposition politique légale ont été l’objectif à éliminer, toujours avec un civil à la tête de l’Etat.

Depuis cette date, cinq présidents se sont succédé. Au terme de leur mandat, chacun s’en est allé, laissant derrière lui plus de 10.000 assassinats politiques, en toute impunité.

Pour la période d’août 2002 à juin 2004, seuls 10.586 assassinats politiques sur le CV d’Alvaro Uribe. La quantité a bien sûr été multipliée depuis, selon les chiffres de l’ONU. Même si certains insistent pour dire que la Colombie est une démocratie.

(* Chronique parue dans le numéro 1 du journal Correo del Orinoco, Caracas, 30 août 2009)

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